Intervention de Bernard Debré

Réunion du 8 décembre 2016 à 9h00
Commission d'enquête sur les conditions d'octroi d'une autorisation d'émettre à la chaîne numéro 23 et de sa vente

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Debré :

Pour moi, le fond du rapport est parfaitement véridique.

À l'instar d'autres collègues qui ont assisté aux auditions, j'ai été extrêmement choqué par un certain nombre de faits. Par exemple, l'un des « milliardaires » – je ne les accuse nullement d'avoir cette qualité – nous a dit en substance, avec une morgue incroyable : « Que voulez-vous, j'ai 250 affaires, alors la chaîne Numéro 23, je n'en ai pas grand-chose à faire. Bon, j'ai mis 5 ou 6 millions, puis je les ai retirés quelques jours après, car cela ne m'intéressait pas. » À mes yeux, le problème est que, vraisemblablement, certains ont mis de l'argent sur la table simplement pour influencer le CSA. Une fois que la fréquence a été attribuée à la chaîne, ils ont rapidement retiré leur promesse en disant s'être aperçu que le projet n'avait pas d'intérêt à leurs yeux. Voyez ce qui s'est passé autour de la participation prévue de David Kessler au projet.

Cette magouille m'a beaucoup choqué. Ce n'est pas du tout une quelconque intervention politique, mais plutôt une forme de lobbying assez désagréable, qui donne un peu mal au coeur – certains nous ont pris de très haut, en laissant entendre que placer quelques millions d'euros était pour eux comme se payer un billet de train pour nous. De même, l'arrivée des investisseurs qatariens ou russes fait suite à l'action non pas de responsables politiques, mais de lobbys, comme il en existe dans tous les domaines – heureusement, d'ailleurs. Il n'y a pas non plus de malhonnêteté de la part du CSA : il s'est laissé gruger par une espèce de magouille. J'imagine qu'il a quelquefois des difficultés à démêler le vrai du faux. Il n'allait pas mettre en doute le fait que les millions mis sur la table par certains seraient effectivement donnés.

Pour le reste, je suis très surpris qu'une commission d'enquête juge du contenu des programmes, par exemple qu'elle critique les émissions consacrées au tatouage. Il ne nous appartient pas de le faire. Ou alors, nous ne sommes pas au bout de nos peines, car un certain nombre de niaiseries sont diffusées sur toutes les chaînes ! Et je ne parle pas des anciens responsables politiques qui font de la télévision…

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