Intervention de Hervé Féron

Réunion du 8 février 2017 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

C'est par un rapport sur l'un des plus beaux et plus importants sujets que nous ayons traités au cours de cette législature que nous achevons – presque ! – les travaux de cette commission.

L'éducation artistique et culturelle est un pont entre les générations, les catégories sociales, elle développe la créativité, l'imagination, la maîtrise de la discipline, tout en faisant appel à l'intelligence collective. Elle permet la valorisation de notre patrimoine tout en incitant les acteurs culturels à travailler main dans la main.

Il faut rendre hommage à votre choix de concentrer votre analyse sur les territoires les plus éloignés de l'offre culturelle, à savoir les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les territoires ruraux et périurbains, parfois perdus de vue par les décideurs.

Vous le dites, une reconnaissance législative a été obtenue pour l'EAC dans la loi de refondation de l'école de la République, qui inclut l'EAC dans le socle commun de connaissance et consacre les parcours d'éducation artistique et culturelle (PEAC), mais également dans la loi relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine, et enfin dans la Charte pour l'éducation artistique et culturelle signée l'été dernier.

Vous l'avez rappelé, nous pouvons nous réjouir du fait que les moyens consacrés à l'EAC ont augmenté, passant de 32 millions d'euros en 2012 à 64 millions en 2017. À tel point que, comme vous l'écrivez, 50 % des enfants devraient bénéficier au moins d'une action en matière d'EAC « financée directement » cette année.

Mais l'État doit continuer à mettre davantage de moyens pour la généralisation de l'EAC dans les territoires. Comme 92 % des établissements possèdent déjà une chorale scolaire, j'avais proposé, dans mon rapport pour avis sur le budget de la culture en 2017, de développer les opérations « Orchestre à l'école » et « Fabrique à Chanson » afin que chaque enfant, à la fin de son parcours scolaire, ait pu faire l'expérience d'un processus de création musicale. Que pensez-vous d'une telle proposition ?

Nous disposons déjà d'outils très efficaces sur notre territoire, parfois insuffisamment aidés. Je pense notamment à la Confédération musicale de France (CMF), réseau de pratique musicale le plus important du pays, qui fait un travail remarquable en matière d'EAC. Il faut les aider à accomplir ces missions de service public, notamment en ce qui concerne le projet de relance de leur orchestre national dont le répertoire s'inscrit pleinement dans le patrimoine musical de notre pays.

Vous avez raison d'insister, dans votre proposition 14, sur la formation au sein des ESPE, mais aussi la formation croisée et multi-catégorielle des différents acteurs qui concourent au PEAC. Je souhaiterais savoir si vous avez pu échanger avec les directions des ESPE et si vous avez bon espoir qu'une formation initiale à l'EAC soit rapidement mise en oeuvre.

La proposition 12 de votre rapport vise à « promouvoir la place des animateurs et l'action en région des fédérations d'éducation populaire ». J'avais moi-même proposé que ces fédérations soient directement chargées de la formation des animateurs sur les temps d'activité périscolaires, alors pourquoi pas, de manière plus large, en matière d'EAC ? Que pensez-vous de cette idée ?

Je trouve également particulièrement intéressante l'idée de développer, notamment dans les collèges, des espaces de rencontre avec les oeuvres et les artistes. Quand vous écrivez que « dans ces secteurs cibles, toute construction ou rénovation d'un établissement scolaire devrait intégrer un espace d'art et de culture », je pense en effet immédiatement à l'idée du 1 % culturel que nous sommes nombreux à avoir défendue ici.

Quant au dispositif « Création en cours » dont vous parlez, je me suis renseigné sur le site internet du ministère et, à première vue, il laisse totalement de côté les activités musicales. Pouvez-vous m'en dire plus sur le rôle de la musique au sein de « Création en cours » et, plus largement, de la politique du ministère en faveur de l'EAC ?

Je voudrais enfin dire mon inquiétude quant aux diplômes des métiers d'art (DMA), qui sont proposés aujourd'hui par des lycées à Bac + 2. Il semblerait que le ministère de l'Education nationale souhaite aligner ce diplôme sur le dispositif LMD. Il passerait donc à Bac + 3 et ne pourrait peut-être plus être proposé par des lycées, mais seulement par des établissements d'études supérieures. Je trouve cela inquiétant, car cela éloignerait ce type de formation aux métiers d'art des quartiers prioritaires de la ville. En attendant, il semblerait que le ministère, en cours de réflexion, tend à dissuader les lycées demandeurs de nouveaux DMA. Auriez-vous des informations à ce sujet ?

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