Intervention de Rudy Salles

Réunion du 8 février 2017 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles, co-rapporteur de la mission d'information sur la politique européenne du cinéma :

Le financement du cinéma européen par les instances de l'Union européenne, lequel a récemment fêté ses vingt-cinq ans d'existence, ainsi que par le Conseil de l'Europe, n'est pas un acquis immuable. Nous avons en effet perçu l'écho de menaces qui pèsent sur son budget. Cela doit faire l'objet de toute notre attention, non seulement dans la perspective de la révision du Cadre Financier Pluriannuel de l'Union européenne mais aussi en vue de la renégociation du budget européen après 2020.

Par ailleurs, et peut-être plus fondamentalement encore, les modalités d'aides au cinéma européen sont en pleine évolution. L'heure du bilan du programme MEDIA pour la période 2014-2020 n'est certes pas encore venue mais nous pouvons d'ores et déjà dégager des tendances qui doivent directement intéresser les professionnels français du cinéma.

Tout d'abord, la politique actuelle de mise en concurrence harmonisée, pour ne pas employer l'expression anglaise plus familière aux experts ici présents, conduit à une forme de discrimination positive en faveur des nouveaux États membres et de leurs cinématographies. Nous n'entendons pas contester la nécessité d'un rééquilibrage en faveur de ces pays, notamment en faveur des réseaux de salles dont ils sont cruellement dépourvus, d'autant que cette action permettrait de faciliter la circulation des oeuvres et l'adhésion des publics aux films européens. Cependant nous tenons à souligner que la mise en place de cette politique a conduit à pénaliser démesurément des projets esthétiquement et économiquement recevables issus des cinq grands du cinéma européen, notamment des projets de développement isolés. Nous estimons que la politique en faveur des cinématographies nationales fragiles ne doit pas se faire aux dépens des secteurs fragiles de cinématographies nationales au demeurant solides.

En second lieu, nous souhaitons réaffirmer notre attachement à certains volets particuliers du programme MEDIA en faveur de l'éducation à l'image. Les aides aux festivals et à l'éducation scolaire relative au cinéma sont autant de moyens d'assurer une première expérience fondatrice pour de nombreux jeunes dans un contexte où le public du cinéma vieillit dans toute l'Europe. L'une des personnes auditionnées nous a notamment confié qu'elle considérait qu'un enfant n'étant pas allé au cinéma avant l'âge de dix ans était perdu pour les salles obscures. La France a le privilège et la chance de bénéficier du réseau de salles qui est sans doute le plus dense au monde et d'un maillage qui ne laisse aucun territoire à l'abandon. Les salles sont encore un lieu de communion et de partage d'une expérience esthétique, ferments de démocratie culturelle.

L'Union européenne participe du maintien de ce paysage et nous souhaitons ardemment l'encourager à toujours suivre ces principes.

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