Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 13 octobre 2015 à 17h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente :

Je salue mes collègues, parlementaires européens et députés de l'Assemblée nationale. Je suis heureuse que nous ayons pu organiser cette réunion en visio-conférence qui rassemble nos deux commissions. Il me paraît essentiel qu'un dialogue de plus en plus étroit se noue entre les parlementaires européens et les parlementaires nationaux sur les principaux sujets de l'actualité européenne et les perspectives politiques de l'Union. En un temps où la construction européenne est mise en cause par les nationalismes et populismes de tous genres, il est crucial que la voix des Parlements se fasse entendre. Nous pouvons contribuer, ensemble, à un renouveau européen, dans un esprit de complémentarité entre le Parlement européen, co-législateur, et les parlements nationaux, qui doivent constituer une capacité d'influence et de proposition – nous nous y attachons à l'Assemblée nationale.

Nous traiterons d'un sujet majeur pour l'avenir du continent. La question migratoire qui fait la une des journaux est au coeur des valeurs de solidarité qui constituent notre Union : solidarité avec les personnes en danger, mais aussi entre les États membres, singulièrement avec la Grèce, l'Italie et Chypre, pays sur lesquels pèse un poids très lourd.

Face à la crise migratoire, nous avons besoin de plus d'Europe et d'une Europe plus démocratique encore, non d'un repli nationaliste, toujours dangereux ; le Président François Hollande l'a rappelé devant le Parlement européen, la semaine dernière, en compagnie de la Chancelière Angela Merkel.

Le 9 octobre dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé l'Union européenne à arraisonner en haute mer des navires de migrants venus de Libye. Cette résolution, qui était débattue depuis juin, n'est qu'une partie de la solution – et l'est-elle-même ? À mon avis, l'usage de la force ne résoudra rien, bien au contraire et je regrette de constater qu'il est plus facile aux Européens de s'entendre pour faire la guerre que d'ouvrir les bras. S'attaquer aux embarcations qui transportent les migrants en disant que l'on s'attaque aux passeurs, c'est d'abord s'attaquer aux réfugiés.

Le 20 mai 2015, j'interpellai d'ailleurs notre Premier ministre à propos du rejet par la France de la proposition du Président Juncker tendant à une répartition équitable des migrants : construire une ligne Maginot, selon l'expression que j'avais alors employée, contre des civils fuyant la guerre, la persécution et la misère était « totalement illusoire et voué à l'échec ». L'actualité me donne malheureusement raison.

L'attitude offensive et constructive du Parlement européen et plus particulièrement de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen – la commission LIBE –, que je salue, a été un élément clef de l'évolution des positions, amenant à l'adoption du principe de répartition équitable et contraignant des réfugiés. Nous serons bien sûr très intéressés par ce que vous aurez à nous dire sur ce point.

Ce principe doit avoir pour corollaire une meilleure gestion des frontières extérieures de l'Union. Jeudi dernier, la présidence luxembourgeoise a appelé, à raison, à la création d'un corps de garde-frontières européens ; c'est une demande que nous faisons depuis longtemps et nous entendrons vos points de vue à ce sujet avec un vif intérêt.

De nombreux chantiers sont devant nous ; je n'en évoquerai que quelques-uns. Doit-on mettre en place des règles européennes communes en matière de droit d'asile ? Si oui, sur quelles bases ? Permettre aux nouveaux arrivants de travailler rapidement est essentiel pour leur bonne intégration. Malheureusement, la proposition faite en ce sens par le Président Juncker a été rejetée ; qu'en pensez-vous ?

Sur le plan diplomatique, comment aider les pays qui accueillent les migrants en grand nombre ? L'Europe est loin d'être en première ligne : n'oublions pas que les pays voisins de la Syrie portent la charge la plus lourde et prennent le plus grand nombre de réfugiés en charge.

Enfin, comment renforcer l'accueil de l'Union européenne pour l'immigration régulière et la valoriser davantage ? N'oublions pas que les migrants ne sont ni un fléau, ni une menace. Bien au contraire, ils peuvent constituer une chance majeure pour nos pays ; la solidarité peut permettre le bien-être pour tous.

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