Intervention de Marietta Karamanli

Réunion du 13 octobre 2015 à 17h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarietta Karamanli, co-rapporteure sur les politiques européennes en matière de lutte contre l'immigration irrégulière au regard des migrations en Méditerranée :

Face à la crise migratoire, l'Europe doit être plus forte que jamais, à l'inverse de ce que veulent nous faire croire certains populistes et souverainistes. Le repli national serait une aberration face à l'ampleur de la crise des réfugiés, qui implique une solidarité européenne accrue et des mesures nouvelles.

Avant cette crise sans précédent, les flux migratoires étaient considérés par les gouvernements comme relevant exclusivement de leurs prérogatives nationales. Aujourd'hui le constat est sans appel : toutes les frontières de l'Union sont les frontières de chacun des États. Croire qu'un pays peut résoudre seul la question est utopique. S'isoler, comme le voudraient certains, c'est se fragiliser. Moins d'Europe signifierait la fin du projet européen, comme l'a rappelé le Président Hollande le 7 octobre devant le Parlement européen.

Depuis le début de l'année, 600 000 femmes et hommes fuyant la misère, les persécutions, la dictature et la guerre après avoir été rackettés par les esclavagistes modernes que sont les réseaux de passeurs ont rejoint le continent européen.

Le 3 juin dernier, j'ai présenté à notre commission le programme européen en matière de migration qu'avait publié la Commission européenne le 13 mai. Je le disais alors et je le redis ici, ce défi est peut-être le plus périlleux que l'Union européenne ait connu depuis sa création ; il s'agit d'une vraie bataille qui se mènera sur trois fronts : le front humanitaire de sauvetage des vies en mer ; le front de l'accueil des réfugiés : la relocalisation ; le front stratégique et géopolitique afin de stabiliser l'environnement moyen-oriental.

Vendredi 9 octobre, les premières relocalisations de réfugiés ont été lancées depuis l'Italie. Qu'en est-il aujourd'hui de la politique de la Commission européenne s'agissant des ordres de reconduite à la frontière et de leur exécution ? Sur les 400 000 ordres de reconduite signés depuis deux ans, 160 000 seulement auraient été exécutés. Quid, enfin, de l'action diplomatique ? Elle doit devenir un axe essentiel de notre politique, ce qui n'est pas évident pour l'Europe qui a encore du mal à peser sur les grands enjeux géopolitiques en raison de la disparité des positions exprimées par les États membres.

Nous sommes des législateurs, et nous devrions prendre position sur les principaux chantiers législatifs qui ont été engagés – mécanisme de relocalisation, liste de pays sûrs, projet de garde-frontières européens…

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