Intervention de Général Christophe Gomart

Réunion du 26 mai 2016 à 14h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Général Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire :

Tout dialogue est utile.

L'accord Five Eyesassocie depuis la fin de la deuxième guerre mondiale les services de renseignement de cinq pays anglo-saxons – États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande. Cette communauté, à laquelle nous n'appartenons pas, a mis au point un système d'interceptions déployées dans le monde entier et échange des données de renseignement brutes, avant analyse – ce qui révèle les limites et les capacités des uns et des autres. Si nous ne partageons pas nos données brutes, c'est parce que nous connaissons nos faiblesses – et nos forces. La France souhaite néanmoins discuter avec ce « club », afin d'entretenir un dialogue plus direct avec les États-Unis, notamment, dans le cadre de la coalition.

J'en viens à la question de la cyberintelligence. Ma tâche ne consiste pas à effectuer des opérations de pénétration, mais plutôt à analyser le matériel recueilli sur le terrain – qu'il s'agisse de clefs USB, d'ordinateurs, d'appareils de photographie ou d'instruments de géolocalisation, par exemple – et d'effectuer des recherches ouvertes sur internet. Sans mener d'opérations de pénétration, nous disposons donc d'une grande quantité d'éléments, car tous les combattants de Daech communiquent, en particulier en cas de victoire. Les recherches ouvertes que nous conduisons permettent de récolter de très nombreuses informations que nous recoupons avec les renseignements issus de sources fermées et de capteurs, grâce à quoi nous pouvons dresser un tableau assez proche de la réalité.

Concernant le vol de la compagnie Egypt Air, l'hypothèse la plus plausible me semble être celle d'une explosion, même si nous n'en avons pas la confirmation. Nous avons participé aux recherches de l'épave par satellite, mais les boîtes noires n'ont pas encore été trouvées. La fumée apparue dans l'appareil n'a pu être produite que par un départ de feu, mais j'ignore ce que les capteurs de l'avion pouvaient encore détecter à ce stade. L'engin explosif, le cas échéant, a pu être embarqué dans un aéroport où l'avion a fait escale avant Paris.

L'évaluation de l'implantation de Daech en France relève davantage de la DGSI, avec laquelle il va de soi que je dialogue. De mon point de vue, il n'y a pas de base de Daech en France. Lors des derniers attentats, les ordres sont venus de Syrie, comme le directeur général de la sécurité intérieure, M. Calvar, vous l'a peut-être dit. Les combattants qui sont passés à l'action étaient infiltrés depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. S'ils ont frappé à Bruxelles, c'est parce qu'ils ont dû agir plus vite qu'ils ne l'avaient prévu en raison de l'arrestation de Salah Abdeslam. Reste à savoir si toutes ces personnes ont été retrouvées ; il est tout à fait plausible qu'il reste des cellules dormantes.

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