Intervention de Thierry Thuillier

Réunion du 25 septembre 2012 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Thierry Thuillier, directeur général adjoint de France Télévisions, en charge des rédactions et des magazines d'information :

Lors de l'élection présidentielle, France 3 a diffusé un film en première partie de soirée et, en deuxième partie, une édition spéciale nationale, ce qui me semble tout à fait normal : comment, en tant que directeur de l'information, aurais-je pu dire à la rédaction de cette chaîne qu'elle resterait sur le banc de touche le jour où toutes les rédactions de France étaient mobilisées ? C'était impossible ! Peut-être des fusions ou des rapprochements adviendront-ils mais cela ne se décidera pas aussi rapidement que d'aucuns l'imaginent.

Lors des élections législatives, les deux chaînes ont proposé des offres complémentaires. Je prétends pour ma part que France 2 a toute sa place dans la couverture de ces soirées électorales – la chaîne a d'ailleurs été leader à cette occasion, pour la première fois dans l'histoire du service public. Quant à France 3, ses flashes nationaux puis, toutes les heures, ses 45 minutes de décrochages régionaux ont connu un grand succès. Sans doute conviendra-t-il d'améliorer encore la complémentarité de cette offre – par une organisation plus rationnelle des rédactions et en déployant davantage de moyens techniques et éditoriaux – mais, en l'occurrence, le service public s'est montré plutôt remarquable si l'on en juge par l'audience obtenue et l'image qu'il a donnée.

Le projet « Infos 2015 » concerne l'information nationale, les rédactions du siège, le numérique et le magazine, soit pour l'essentiel les rédactions nationales de France 2 et France 3 ainsi que le secteur numérique dont le développement est placé sous la responsabilité de Bruno Patino. Les rédactions régionales ne sont donc pas directement visées par ce travail de rapprochement parce que, d'une part, elles disposent de leur propre légitimité ainsi que de leur propre budget et que, d'autre part, elles sont rattachées à France 3. Notre objectif est de donner une perspective aux journalistes et aux techniciens qui fabriquent l'information et les éditions nationales au siège de France Télévisions. En outre, le constat que nous faisons est assez simple : le défi numérique nous oblige à nous adapter, à définir des contenus avec des identités très fortes – peut-être encore plus complémentaires entre France 3 et France 2 – et à nous déployer sur l'ensemble des supports pour proposer à la fois une information en temps réel, ce qui est le cas avec le numérique, et des éditions intervenant à des heures précises.

Lorsque M. Pflimlin s'est exprimé devant le comité central d'entreprise (CCE), il a été rappelé que l'existence des éditions nationales de France 3 n'était pas négociable : en effet, elles jouent leur rôle et leur audience a progressé en deux ans. Ce serait donc un comble d'envisager leur suppression, au nom d'une rationalisation aveugle.

Ces éditions nationales sont donc légitimes mais nous devons les doter d'une identité propre par rapport à France 2 – je ne crois pas que le « 1920 » doive ressembler au « 20 heures » ou le « 1213 » au « 13 heures », et vice-versa. Nous avons commencé ce travail de repositionnement et nous devons le poursuivre en harmonie avec la « couleur » de la chaîne. Le journal national de France 3 ne peut pas être « hors sol », compte tenu du projet éditorial global de la chaîne ; celui de France 2 est quant à lui dédié à l' « info événement » et suppose une mobilisation importante sur les événements nationaux essentiels.

Parce que nous devons également travailler à l'enrichissement des contenus, j'espère pouvoir créer de nouveaux formats et de nouveaux rendez-vous d'information dans les prochaines années.

Comment, dès lors, être présents et se montrer les meilleurs sur tous les supports ? Comme nous l'avons dit au CCE, les organisations verticales – ce que j'appelle les organisations « en silos » –, parce qu'elles sont sources de doublons, ne constituent pas une bonne réponse aux défis des prochaines années, en particulier au défi numérique. Cela ne signifie pas qu'une fusion s'impose, consistant à placer tout le monde au même endroit pour délivrer le même produit. En fait, le rapprochement de certains services éditoriaux vise à mutualiser, à renforcer notre force de frappe sur le terrain, mais aussi à mettre en place sur France 2 et France 3 des équipes attachées aux éditions pour donner à ces chaînes cette fameuse « couleur éditoriale » qui doit les distinguer. Voilà en quoi consiste l'émergence d'un pôle commun des rédactions de France Télévisions intégrant le numérique.

En définitive, notre objectif est de construire une information « marchant sur ses deux jambes » : de la mutualisation, avec une rédaction commune intégrant tout ce qui est possible sur les plans technique et éditorial afin d'être encore plus forts ; de la spécificité, avec des équipes dédiées qui produisent sur France 3 et France 2 des éditions aux identités marquées.

Le travail commence. Nous avons ainsi lancé un groupe « projet » qui a d'ailleurs exhumé un rapport très instructif faisant état d'un certain nombre d'objectifs : « préciser la vocation éditoriale de chaque édition d'information nationale sur Antenne 2 et FR3 », définir « les moyens d'une véritable coordination entre les rédactions des deux chaînes », « étudier la création de services communs dans la perspective d'un regroupement partiel ou total ultérieur des deux rédactions » ; on y lit également que « les attentes et les tendances fortes des services publics, en Grande-Bretagne et en Italie, sont au regroupement et à la rationalisation des moyens d'information des chaînes publiques ». Ce rapport date de 1991, s'intitule « Télévision publique : l'information au singulier pluriel » et est signé Alain Denvers.

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