Intervention de Jean-Paul Tuaiva

Séance en hémicycle du 12 juin 2013 à 21h30
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Tuaiva :

Avant d'aborder ce débat sur la politique maritime, rappelons que la mer et les océans couvrent 70 % de la surface du globe, que 4 milliards d'êtres humains vivent sur une zone côtière et que 90 % du commerce transitent encore par la mer.

La France, deuxième surface maritime au monde avec près de 11 millions de kilomètres carrés, le doit évidemment à ses territoires d'outre-mer, qui en détiennent 97 % et qui lui assurent une présence sur les trois océans de la planète, dans les deux hémisphères et jusqu'au pôle sud. À ce titre, notre pays doit tenir une place centrale dans le débat international et faire de l'exploitation durable et de la valorisation des océans l'un des grands axes stratégiques de sa politique.

Une dynamique ambitieuse avait été mise en place par Jean-Louis Borloo en 2009 avec le Grenelle de la mer. Cette approche, inspirée du Grenelle de l'environnement, a permis de prendre autant en compte les préoccupations environnementales que les dimensions économiques, sociales et humaines de la mer à travers une réelle concertation de tous les acteurs. Elle a rendu possible l'adoption de 137 engagements qui constituent l'ossature de la politique maritime de la France, une politique qui s'efforce de concilier le développement économique avec la préservation du plus grand réservoir de richesses naturelles de l'humanité.

Sur la forme comme sur le fond, les Assises de la mer et du littoral, lancées au mois de janvier, s'inscrivent dans la continuité de cette politique qui ne doit pas prêter à des clivages superficiels. Votre volonté de mettre en oeuvre une véritable politique intégrée va évidemment dans le bon sens et la Polynésie française prendra toute sa part dans la définition de cette stratégie.

Composé d'archipels qui comptent au total 118 îles hautes et atolls dont 76 seulement sont habités, l'ensemble des terres émergées de la Polynésie française représente 3 500 kilomètres carrés, soit la moitié de la superficie de la Corse. Pourtant, à elle seule, elle détient la moitié de la surface maritime française avec près de 5 millions de kilomètres carrés, l'équivalent de la superficie du continent européen. Nous sommes positionnés au centre de grands ensembles économiques : l'Amérique du nord, l'Amérique latine, l'Asie, dont les États tournent de plus en plus intensément le regard vers cette ressource bleue encore en jachère. Ces simples données géographiques justifient la participation pleine et entière de la Polynésie française aux Assises de la mer et plus largement à toutes les instances chargées de la définition de la politique maritime de la France.

Au titre de son autonomie institutionnelle, la Polynésie française détermine sa propre politique maritime et littorale. Elle négocie et signe directement des accords internationaux afin de protéger et valoriser son espace maritime. Dans cette optique, elle a institué le 1er juillet 2010 le conseil polynésien de la mer et du littoral avec l'intention d'associer directement l'État à sa réflexion et au pilotage de sa politique. Le premier bilan d'activité de ce conseil fort de trois ans d'expérience peut aujourd'hui nourrir les travaux des assises nationales.

Le mercredi 4 juin, le conseil des ministres polynésien a d'ailleurs adopté le principe de sa contribution et la nomination d'un rapporteur général des Assises de la mer et du littoral. Nous espérons qu'elle viendra utilement enrichir la future stratégie nationale de la mer et du littoral que le Gouvernement adoptera en 2014 pour les six prochaines années.

Au-delà de la Polynésie française, c'est l'ensemble de l'outre-mer, notamment du Pacifique, qui doit être le fer de lance de cette ambition maritime française. Je pense évidemment à nos collègues du groupe UDI de Nouvelle-Calédonie, Sonia Lagarde et Philippe Gomes, sans oublier Napole Polutélé de Wallis-et-Futuna.

La mer constitue un atout stratégique, économique et politique essentiel pour la France. Elle est à ce titre l'un des enjeux majeurs du XXIe siècle. L'ampleur de notre présence maritime représente une chance inestimable, mais aussi une charge immense, avec la responsabilité de 10 % de la biodiversité mondiale. Avec 97 % de cette présence outre-mer, il est temps de mettre en place une véritable politique durable en direction de ces territoires et d'en faire la vitrine française des énergies renouvelables marines.

Dans le domaine de la mer et des océans, comme dans beaucoup d'autres, les territoires d'outre-mer sont absolument vitaux pour notre pays. Ils sont le concentré de toutes les réussites possibles de notre République. De notre volonté politique, dépendra notre capacité à en faire le laboratoire avancé pour un développement durable et totalement soutenable.

Si, au terme de ce débat, le groupe UDI a pu vous délivrer ce message, il n'aura pas été inutile.

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