Intervention de Suzanne Tallard

Séance en hémicycle du 12 juin 2013 à 21h30
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSuzanne Tallard :

La France possède, on l'a dit, le second espace maritime mondial, ce qui lui confère une grande responsabilité en matière de préservation de la richesse naturelle des océans.

On oppose encore parfois, à tort, exigence environnementale et développement économique Si chacun admet facilement l'impact négatif du recul de la biodiversité sur les écosystèmes et le climat, on ne perçoit pas toujours son impact sur l'activité économique. La préservation de la diversité des espèces devrait être un argument suffisant en soi pour une meilleure prise en compte des impératifs de protection de l'environnement dans les politiques publiques. Néanmoins, pour ceux qui ne seraient pas convaincus par ce seul argument, j'ajouterai que la gestion durable des ressources et des potentialités de la mer est non seulement positive pour l'économie, mais absolument indispensable à certaines activités comme le tourisme, les loisirs sous toutes leurs formes, la pêche ou encore l'aquaculture.

Cependant, la préservation du milieu marin ne pourra pas être réellement acceptée si elle est perçue comme étant contraire aux enjeux sociaux et économiques. Il nous faut donc convaincre qu'elle est la condition de la poursuite des activités humaines qui en dépendent. Cette interdépendance appelle la mise en place d'une politique maritime intégrée, tant les différents enjeux sont liés : qu'il s'agisse du développement économique maritime, de l'enseignement, de la recherche et de l'innovation ou des conditions de travail des gens de mer, les objectifs de la politique maritime sont tous tributaires de la qualité de l'environnement marin.

Concilier ces objectifs dans l'intérêt de tous et dans la durée, avoir une approche équilibrée entre l'utilisation des ressources naturelles, le développement économique et la protection de l'environnement et de la biodiversité, c'est adapter les critères du développement durable au milieu marin.

La protection des espèces passe nécessairement par la protection de leur habitat. C'est pourquoi la création d'aires marines protégées doit être l'un des axes forts de la politique maritime de la France. Je sais, monsieur le ministre, que vous en êtes convaincu. La France accueillera d'ailleurs au mois d'octobre le troisième congrès international des aires marines protégées à Marseille et en Corse.

La stratégie nationale des aires marines protégées a pour but de classer sous ce statut 20 % des eaux sous juridiction française d'ici 2020. Ces aires peuvent prendre différentes formes : zone Natura 2000, parc national ou réserve naturelle marine. Nous avons, au total, une quinzaine d'outils à notre disposition et il en est un parmi eux qui me paraît particulièrement adapté pour concilier activités économiques et préservation de la biodiversité : il s'agit du parc naturel marin. Le parc naturel marin permet en effet la gestion intégrée d'une zone maritime d'intérêt particulier pour la biodiversité et l'activité humaine, englobant l'espace arrière-littoral, le littoral lui-même et le large. Il doit notamment avoir une mission écologique, mais aussi permettre une exploitation durable par la valorisation du patrimoine culturel et naturel maritime, c'est-à-dire protéger, tout en créant de la valeur ajoutée socio-économique, scientifique et pédagogique.

Son mode de gouvernance, qui associe tous les acteurs locaux et institutionnels concernés dans le processus de décision, est certes exigeant, mais il favorise la prise de conscience de l'interdépendance entre l'économie – maritime, littorale et terrestre – et la préservation du milieu marin. Il existe actuellement cinq parcs naturels marins en France, qui expérimentent ce mode de fonctionnement et vous savez, monsieur le ministre, que j'appelle de mes voeux la création d'un sixième, celui des Pertuis charentais et de l'estuaire de la Gironde.

La protection et l'exploitation du milieu marin sont liées sur le long terme. Nous devons parvenir à concilier le développement économique en mer, sur le littoral et sur terre, tout en assurant la sauvegarde des espèces maritimes, dont les ressources sont actuellement surexploitées ou polluées. La France, monsieur le ministre, doit avoir l'ambition de devenir une référence dans le monde en matière de préservation de la biodiversité marine.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion