Intervention de Gwendal Rouillard

Séance en hémicycle du 12 juin 2013 à 21h30
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGwendal Rouillard :

« Le défi maritime français est une invitation à une prise de conscience de tout ce que l'espace maritime et littoral peut nous apporter ; il permet également de faire émerger les enjeux, ignorés par beaucoup, trop ancrés dans des raisonnements terrestres, de la destinée maritime de notre pays ». Tels étaient les mots de François Hollande, alors candidat à la présidence de la République, dans le cadre d'un document devenu célèbre, Le défi maritime français.

Comme vous le savez, monsieur le ministre, la France doit se doter d'une véritable stratégie de « croissance bleue ». Permettez-moi à ce titre d'évoquer trois enjeux majeurs pour l'avenir de la France maritime : pêche durable, énergie marine et industrie navale.

Je m'attarderai surtout sur la pêche durable, premier pilier de cette France maritime que j'appelle de mes voeux. La pêche française représente un chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros et plus de 42 000 emplois. Dans un contexte où la France participe aux négociations sur la nouvelle politique commune de la pêche et au débat européen sur l'avenir de la pêche en eaux profondes, l'enjeu est clair : permettre aux professionnels de pratiquer une pêche durable en améliorant la viabilité économique des entreprises et en respectant toujours davantage la biodiversité des mers et des océans.

En ce qui concerne la pêche en eaux profondes, je souhaite que la France tienne fermement sur ses positions et continue de s'opposer clairement à l'interdiction de la pêche au chalut, proposée par la Commission européenne.

Je souhaite, dans un esprit constructif, rétablir quelques vérités. Depuis plus de dix ans, les pêcheurs ont pris conscience de la nécessité de travailler en partenariat avec des scientifiques compétents et embarqués, en particulier avec les équipes de l'IFREMER. Grâce à cette expertise partagée, plus de 35 000 traits de chaluts collectés ces dernières années permettent de démontrer la durabilité de la gestion des stocks – je pense par exemple au sabre noir et à la lingue bleue. Par ailleurs, dans son rapport d'avril 2012, le Conseil international pour l'exploration de la mer a clairement indiqué, et cela pour la première fois, que plusieurs stocks ne sont plus en danger et que la plupart d'entre eux sont en nette augmentation, tendances confirmées depuis. Enfin, et contrairement à ce que je lis, les navires de pêche ne raclent pas les fonds marins jusqu'à 1 800 mètres de profondeur. L'empreinte écologique des navires de grands fonds est en réalité minime, même si j'ai bien conscience qu'il faut poursuivre les efforts. C'est en ce sens que j'ai écrit une nouvelle fois la semaine dernière au Président de la République, au Premier ministre et au ministre, et c'est dans ce contexte que je me rendrai lundi à Bruxelles pour témoigner de l'objectivité des résultats.

Pour ce qui est des énergies marines, dont nous avons beaucoup parlé ce soir, je tiens à saluer les efforts du Gouvernement en matière d'hydrolien et d'éolien fixe en mer. Mais je considère que le temps est venu de développer également l'éolien flottant en mer, car nous détenons les technologies appropriées, qui sont de plus en plus matures. Ma crainte est de voir des industriels européens capter ces marchés potentiels, comme cela s'est fait pour l'éolien terrestre, alors que nous disposons des compétences et des savoir-faire. Je forme donc le voeu que nous puissions accélérer les choses sur l'éolien flottant, à l'image du projet Winflo en Bretagne.

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