Intervention de Philippe Vitel

Séance en hémicycle du 12 juin 2013 à 21h30
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vitel :

Dès 1414, le prince portugais Henri le Navigateur avait fait le pari que l'avenir de son pays, qui n'avait que de faibles ressources, se jouerait en mer. Après lui, les autres États occidentaux se sont lancés à leur tour sur mer à la conquête du monde. Cela a conduit l'Europe à la suprématie commerciale, industrielle et culturelle qu'elle conserve encore aujourd'hui, l'Union européenne étant la première puissance économique et maritime mondiale.

Aujourd'hui, la mer et le littoral constituent toujours un enjeu global de sécurité et de développement durable. Rappelons que la mer couvre 70 % de la surface du globe et que 60 % de la population mondiale vit proche du littoral.

La mer contient une biodiversité extraordinaire : entre 10 et 100 millions d'espèces animales, 5 000 molécules à usage thérapeutique.

La mer est un espace convoité et stratégique : 90 % du commerce mondial emprunte la voie maritime, 95 % des données de communication internationale y transitent grâce à un million de kilomètres de câbles de fibre optique.

La mer est une richesse largement inexploitée, à commencer par l'énergie fossile, puisqu'on y retrouve 22 % des réserves mondiales de pétrole et 37 % des réserves de gaz. Mais elle représente aussi un énorme potentiel énergétique renouvelable, capable de générer une production exploitable correspondant à dix fois la consommation annuelle mondiale en électricité.

La France occupe un rang appréciable dans de nombreux secteurs maritimes : deuxième espace maritime, avec ses 11 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive, sixième rang dans la construction et la réparation navales, premier rang dans le nautisme en construction de voiliers, sixième rang pour la recherche océanographique civile et militaire et vingt et unième rang pour la pêche et la production de produits de la mer.

Ainsi, la filière maritime génère plus de 52 milliards d'euros de valeur de production et 310 000 emplois directs, soit plus que l'industrie aéronautique, la banque ou l'automobile. Il est donc fondamental, en ces temps de morosité économique, de se donner les moyens de profiter de l'opportunité unique que nous offre la mer d'ouvrir de nouvelles perspectives de développement de richesses.

En qualité de député de Toulon et de président de la commission du développement économique du Conseil général du Var, j'ai eu la chance d'être associé, en 2005, à la création, puis au pilotage du pôle de compétitivité Mer PACA. Ce pôle à vocation mondiale, pendant et partenaire du pôle de compétitivité Mer Bretagne, constitue un formidable véhicule d'innovation à même de développer durablement l'économie maritime et littorale.

Il rassemble aujourd'hui 350 membres, dont 160 PME, 80 groupes et entreprises majors, 110 organismes de recherche et de formation dont 30 focalisés sur les écosystèmes. Cela représente environ 25 000 salariés et 2 000 chercheurs impliqués directement dans les projets portés par le pôle.

En effet, la vocation d'un pôle est de susciter et d'accompagner des projets collaboratifs innovants associant entreprises et laboratoires de recherche ou centres de formation. Le projet doit s'adresser à un marché mature ou émergent de taille mondiale, porté par un noyau dur d'acteurs aux compétences avérées sur le thème identifié.

À ce jour, deux cent deux projets représentant un engagement en recherche et développement de 543 millions d'euros ont été labellisés ; cent cinquante-trois d'entre eux sont d'ores et déjà cofinancés à hauteur de 395 millions d'euros.

Nos programmes fédérateurs portent sur des thèmes très variés : surveillance et intervention maritime, navire du futur, offshore profond, énergies marines renouvelables, aquaculture durable, pêche durable, biotechnologies bleues, aménagement côtier durable et génie écologique, services à l'environnement en littoral et en mer, port du futur.

La structure du pôle permet par ailleurs de nouer des partenariats stratégiques avec d'autres pôles ayant besoin de technologies ou étant en connexion avec nos marchés, avec d'autres structures nationales d'innovation, avec des clusters étrangers – d'Italie, du Maroc, de Norvège et du Brésil pour ce qui est du pôle PACA. Nous participons aussi au club des pôles mondiaux. Le pôle a permis de consolider des filières existantes et de redynamiser la filière navale au sens large. Mais il a aussi permis de faire émerger de nouvelles filières : énergies marines renouvelables et éoliennes en mer, micro-algues, pour la production de bio carburant et valorisation des coproduits à des fins alimentaires, cosmétologiques ou nutraceutiques, génie écologique côtier, métrologie et instrumentation.

Voilà, monsieur le ministre, un exemple de stratégie gagnante que je voulais évoquer. Oui, le XXIe siècle peut être un siècle maritime, voire le plus maritime de l'histoire de l'humanité. À cet égard, la France a tous les atouts pour tirer son épingle du jeu.

Des politiques ont été définies. Il faut maintenant se donner davantage les moyens de l'action. J'espère, monsieur le ministre, que votre visite la semaine dernière au pôle Mer PACA à la Seyne-sur-Mer a fini de vous convaincre qu'il faut continuer à soutenir nos pôles de compétitivité.

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