Intervention de Denis Masseglia

Réunion du 3 octobre 2012 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français :

D'abord, quelques mots sur l'organisation de ces Jeux olympiques. Nous sommes arrivés à Londres avec le souvenir d'une candidature malheureuse, la capitale anglaise ayant été préférée à Paris. Or ces Jeux, parfaitement organisés, ont donné lieu à une grande ferveur populaire. Londres avait pour ambition « d'inspirer une génération ». Nous devons garder ce leitmotiv à l'esprit pour comprendre ce que ces Jeux ont apporté à la jeunesse du Royaume-Uni et du monde entier.

Les résultats de la délégation olympique française, si tant est qu'on puisse la séparer de la délégation paralympique, ont été conformes à nos prévisions. Notre objectif était d'obtenir un nombre de médailles d'or à deux chiffres. Avec 11 médailles, nous figurerons dans le peloton de tête. Au total, nous avons obtenu 34 médailles contre 41 à Pékin, mais un chiffre global ne constitue qu'un indicateur relatif du niveau de performances.

Nous avions misé sur une diversité de sports. Or nous avons obtenu 4 médailles d'or en natation, 2 en judo et 2 en canoë-kayak ; 8 des 11 médailles d'or françaises sont donc regroupées sur trois disciplines. Dès lors, puisque la préparation des Jeux de Rio a déjà commencé, il faut réfléchir au moyen de transmettre le savoir et l'expérience de nos champions à ceux qui réussissent plus difficilement.

Le haut niveau se caractérise par un niveau d'exigence exceptionnel. La performance suppose qu'on sache organiser la concurrence et l'émulation au sein d'une fédération, mettre en place un dispositif efficace d'innovation et de recherche, et associer trois paramètres : la détection, l'épanouissement des sportifs et le souci de leur après-carrière.

Au-delà de leurs performances, chacun a souligné l'excellent comportement des sportifs français et la dynamique qu'ils ont créée avec la population. Bien que les Jeux se soient déroulés pendant les vacances, ils ont suscité un engouement populaire incontestable, grâce à l'effort des médias, aux résultats obtenus et à l'ambiance qui les a entourés. Il est significatif, en termes d'identité, que la Marseillaise ait souvent été entonnée spontanément : la nation était présente aux côtés des athlètes.

Reste que le haut niveau coûte cher, et que nous allons sans doute rencontrer des difficultés de financement. Nous sommes responsables de la bonne utilisation des deniers de chaque fédération. Les perspectives esquissées hier soir lors la réunion du collège des fédérations olympiques ont suscité des inquiétudes pour les Jeux de Rio. Les premières coupes, qui concerneront les cadets et les juniors, obéreront les perspectives. L'innovation et la recherche sont nécessaires si nous nous voulons être plus performants dans quatre ans, alors que le sport se mondialise et connaît une concurrence croissante.

Naturellement, je me félicite que la retraite des sportifs de haut niveau ait été votée, l'an dernier, à l'unanimité des députés et des sénateurs, qui ont ainsi reconnu l'apport des sportifs à la nation. Pour s'entraîner, ceux-ci mettent nécessairement leurs études ou leur carrière entre parenthèses, ce qui retarde le versement des cotisations. Le dispositif, d'un coût total de 6 millions d'euros, vise non à permettre aux mieux lotis de gagner davantage mais à offrir à l'immense majorité la possibilité de disposer d'années de cotisation suffisantes.

Hélas, au lieu d'être supporté par la nation, comme nous le supposions, il sera financé par le ministère des sports, au détriment des conventions d'objectifs des fédérations. L'imputer à la sécurité sociale délivrerait un message plus positif car une pratique sportive régulière et adaptée fait faire des économies à la sécurité sociale et il peut paraître légitime que celle-ci, en retour, préserve les moyens consacrés au développement des activités physiques, via les fédérations. Les députés qui font leur jogging tous les matins en sont probablement conscients. Nous vous adresserons bientôt un courrier pour exprimer notre demande, afin de conserver la préparation du haut niveau et les actions fédérales pour le début de l'olympiade. Nous reviendrons également vers la ministre à ce sujet. Si l'on admire les performances des sportifs britanniques, n'oublions pas qu'ils ont bénéficié de moyens élevés.

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