Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 11 juillet 2012 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

George Pau-Langevin, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale, chargée de la réussite éducative :

Je voudrais, monsieur le président, expliquer brièvement l'intitulé de mon ministère.

Je commence par vous dire combien je suis heureuse d'être aujourd'hui parmi vous, de retrouver beaucoup de visages connus et d'en découvrir de nouveaux.

« Réussite éducative » : qu'est-ce que cela signifie ? Beaucoup d'articles un peu moqueurs ou ironiques ont paru sur le sujet lors de ma nomination. Or nous nous sommes aperçus que cette expression avait depuis longtemps cours. Pour le dire très simplement, mon rôle sera de m'intéresser plus particulièrement à ces nombreux jeunes – de 135 000 à 150 000 suivant les évaluations – qui quittent le système scolaire sans diplôme, sans qualification.

Le plus gênant, c'est la forte corrélation entre la situation sociale des jeunes et leurs résultats ou leurs difficultés scolaires. Non seulement notre école ne parvient pas à réduire les inégalités, mais au contraire elle les accroît : au niveau du collège, l'échec est encore plus grand qu'en CM1. C'est là un gâchis social qui affaiblit notre pacte républicain, mais aussi un gâchis économique, puisqu'on voit bien que les pays les moins inégalitaires du point de vue scolaire sont aussi les plus performants économiquement.

Nous nous proposons donc de réexaminer les dispositifs existants, notamment en matière d'éducation prioritaire. Ceux qui ont été créés pour favoriser la réussite éducative – je pense notamment aux collèges « Ambition réussite » – sont nombreux et pourtant nous ne voyons pas de franche amélioration de la situation : les résultats ne semblent pas être au rendez-vous.

Nous voulons, dans le même ordre d'idées, nous préoccuper non seulement de la transmission des savoirs mais aussi de l'apprentissage de la citoyenneté, par l'acquisition de codes et de valeurs.

La lutte contre l'échec scolaire passe beaucoup par la lutte contre le « décrochage scolaire » – extraordinaire expression que l'on utilise depuis quelque temps. Aujourd'hui, on se préoccupe donc de « raccrochage scolaire » : c'est à ce moment particulièrement périlleux dans la vie d'un jeune que nous devons agir.

Nous souhaitons donc que les dispositifs d'éducation prioritaire soient revus dans le sens d'une plus grande cohérence, d'une plus grande simplicité et d'une plus grande clarté : empilés aujourd'hui sous des dénominations complexes, contribuent-ils vraiment à réduire les inégalités ?

À l'évidence, nous devrons également tout faire pour améliorer les conditions de vie des élèves. Même si l'école ne peut pas tout régler, il est indispensable de s'assurer que les enfants peuvent au minimum fréquenter la cantine ou bénéficier d'un suivi médical, tous éléments déterminants pour leur réussite éducative.

À cet égard, j'accorderai une attention toute particulière aux personnels de santé et à la revalorisation de leurs missions. Il importe en effet d'améliorer la situation détestable des médecins scolaires et de développer l'éducation des élèves à la santé et la prévention – en particulier l'éducation à la contraception : il existe bien une loi sur le sujet mais son application n'est pas du tout à la hauteur de nos attentes. Il faudra également renforcer la lutte contre les addictions – aux drogues, bien sûr, mais aussi à l'alcool.

Le sport doit jouer un rôle central dans l'action pour la réussite éducative : pour beaucoup de jeunes, il peut être un moyen d'évacuer un trop-plein d'énergie qui est parfois source de problèmes dans nos quartiers.

Je crois également beaucoup au rôle de l'éducation artistique : dans un certain nombre de quartiers, elle peut contribuer à la mixité sociale en favorisant le retour de familles des classes moyennes dans les écoles.

Je m'attacherai aussi, évidemment, à améliorer la situation des élèves handicapés, ce qui passe notamment par un examen de celle qui est faite à ceux qui sont chargés de les encadrer : nous nous sommes aperçus avec une certaine surprise que certains de ces emplois n'étaient pas budgétés et que la formation de ces personnels remplissant une mission particulièrement difficile n'était pas ce qu'elle devrait être. Nous devrons donc travailler à la formation des enseignants aux questions de handicap, mais aussi à celle des personnels appelés à les épauler.

Ce travail en faveur de la réussite éducative est par définition interministériel. Ainsi je travaillerai avec la ministre déléguée chargée de la famille afin d'associer les familles que l'on considère trop souvent comme démissionnaires quand elles sont simplement dépassées par la situation ou fragilisées – je pense aux familles monoparentales – et afin de redynamiser des dispositifs comme celui des « réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents ». Je travaillerai bien sûr également avec le ministre délégué chargé de la ville, de même qu'avec Mme la ministre de la justice, puisque beaucoup de gamins en difficulté scolaire sont suivis par la protection judiciaire de la jeunesse. Nous devons enfin associer à la tâche les associations de parents d'élèves ainsi que les associations d'éducation populaire.

Enfin, je m'intéresserai à tout ce qui concerne l'innovation : en ce domaine, beaucoup de choses ont été mises en place et beaucoup d'expériences ont été menées. Une grande créativité s'exprime sur le terrain mais il nous revient de mutualiser les expériences réussies.

Beaucoup de travail, vous le voyez, nous attend, et beaucoup de moments à partager avec le Parlement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion