Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du 11 juillet 2012 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Monsieur le ministre, madame la ministre déléguée, nous vous avons écoutés parler de beaucoup de choses, d'urgence, de refondation, de grands principes. Nous sommes aujourd'hui dans la sémantique et la communication, et je peux le comprendre : vous en êtes à l'évidence au stade des diagnostics et du discours de la méthode.

J'ai la conviction que la réforme de l'université que nous avons menée à bien au cours de la treizième législature a été une avancée majeure pour notre pays : plus d'autonomie et, en contrepartie, plus d'évaluation. Ne faudrait-il pas s'inspirer de cette méthode pour réformer l'école, en donnant une plus grande autonomie aux établissements et en encourageant l'expérimentation ?

Monsieur le ministre, vos premières interventions ont fait passer un frisson dans l'opinion publique, puisque vous avez annoncé le passage à la semaine de cinq jours dès 2013 sans avoir pris l'avis des syndicats d'enseignants, des parents d'élèves ni des collectivités locales. Aviez-vous oublié la cinquante-cinquième proposition du candidat Hollande ? Heureusement, le Premier ministre a volé à votre secours en annonçant une véritable concertation publique. La république exemplaire était sauvée !

Je rappelle que le travail sur les rythmes scolaires a été bien amorcé par Luc Chatel, votre prédécesseur. Cette conférence nationale, servie par des rapporteurs de qualité, Odile Quintin et Christian Forestier, a émis des avis dont, j'en suis sûr, vous tiendrez compte.

Le rapport de la Cour des comptes intitulé « L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves » recommande notamment d'accroître la responsabilité des établissements d'enseignement, d'adapter l'organisation scolaire aux besoins des élèves, d'accroître la part des financements consacrée à l'école primaire et, plus généralement, d'améliorer le pilotage du système. Pour aller vers la réussite de chaque élève, le groupe UMP estime qu'il faut des enseignants mieux considérés, avec de meilleurs salaires, plus d'autonomie et de responsabilités pour les établissements, mais aussi un enseignement plus personnalisé et une éducation fondée sur le mérite et visant l'égalité des chances.

La révision générale des politiques publiques (RGPP), tant décriée par les socialistes sous le dernier quinquennat, a permis d'augmenter de 18 % le salaire des jeunes professeurs ; nous avons également augmenté le pouvoir d'achat des enseignants grâce à la défiscalisation des heures supplémentaires. Quelle est votre position sur ce sujet ?

La priorité à l'école primaire est, je crois, une idée que beaucoup partagent, notamment depuis les différents rapports parus sur ce sujet. Mais quid du statut de directeur d'école ? Allez-vous améliorer les regroupements scolaires ? Envisagez-vous des établissements publics d'enseignement primaire ?

Vous êtes un ministre heureux puisqu'on annonce 60 000 créations de postes dans l'éducation nationale – au détriment sans doute de certains de vos collègues, qui devront eux se serrer la ceinture. Mais, quand on y réfléchit bien et que l'on voit le nombre de postes aux concours qui ne sont pas pourvus alors même que l'UMP avait choisi de ne compenser qu'un départ à la retraite sur deux, votre projet de créer 12 000 postes supplémentaires par an ne risque-t-il pas de se heurter à des obstacles insurmontables ?

Vous voulez prévenir plutôt que guérir. On ne peut qu'être d'accord, mais a-t-on évalué correctement tous les dispositifs de remédiation, tels que les réseaux d'aide et de soutien aux élèves en difficulté (RASED) ou les programmes personnalisés de réussite éducative aujourd'hui en place dans les écoles ? On peut en effet s'interroger sur leur efficacité.

Enfin, vous avez évoqué l'alternance à propos de la formation des maîtres, ce qui est très bien, mais je m'étonne du silence assourdissant autour de l'apprentissage, c'est-à-dire de la formation en alternance des élèves. Une dynamique était amorcée mais, après avoir entendu le discours de politique générale du Premier ministre, je crois que nous allons de nouveau faire marche arrière, ce que je regrette profondément : l'apprentissage est en effet une voie d'excellence, qui donne des résultats tout à fait remarquables en matière d'insertion professionnelle.

Nous sommes tout à fait prêts, bien sûr, à apporter nos idées sur le sujet dans le cadre du grand débat.

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