Intervention de Jean Jacques Vlody

Réunion du 11 juillet 2012 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Jacques Vlody :

Je félicite le Gouvernement d'avoir placé l'école au coeur de la République. Je salue également la méthode employée, fondée sur la concertation.

La refondation de l'école revêt une dimension particulière dans les territoires d'outre-mer, où elle fait naître une grande espérance. La situation sociale, conjuguée à l'éloignement du territoire hexagonal et à l'insularité, génère pessimisme et crainte de l'avenir. Seule l'école de la République peut redonner de l'espoir, mais encore faut-il lui donner les moyens de ses missions, à savoir l'épanouissement individuel et l'intégration sociale de tous les enfants, quelle que soit leur origine.

À La Réunion, comme dans l'ensemble des territoires et départements d'outre-mer, l'école souffre de difficultés particulières. Les évaluations nationales, même imparfaites, placent avec constance ces académies, singulièrement celle de La Réunion, en queue de classement. Dans notre île, 120 000 personnes souffrent d'illettrisme, et ce nombre ne diminue pas au fil des décennies ; le taux de réussite au brevet est inférieur de 7 points à la moyenne nationale et le taux de réussite au baccalauréat de 5,5 points. La jeunesse rencontre de très grandes difficultés d'insertion professionnelle : près de 60 % des moins de 25 ans sont au chômage !

Les conditions d'entrée à l'école sont déterminantes pour la réussite scolaire – sur ce point, je partage votre diagnostic –, mais je constate que l'école républicaine ne tient pas suffisamment compte de nos spécificités. Je pense notamment à la transition, dès l'entrée à l'école, entre le créole et le français et je fais miennes à ce propos les remarques de Mme Buffet concernant l'importance de l'école maternelle ; je pense également aux rythmes scolaires, qu'ils soient quotidiens ou annuels, et qui, quasiment calqués sur ceux de l'hexagone, ignorent nos réalités climatiques.

Les exemples de ce type sont nombreux et il apparaît clairement que la non-prise en compte de ces réalités locales est l'une des causes des résultats trop contrastés de l'école outre-mer.

Il serait souhaitable que le projet de refondation de l'école ne se limite pas aux seules réalités hexagonales, mais intègre la dimension ultramarine de la République. Comment comptez-vous y veiller dans votre projet de refondation ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion