Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 16 octobre 2013 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

J'ai lu avec plaisir ce rapport, en particulier parce qu'il a été rédigé par des personnes très investies, comme Mme Dufour-Tonini, qui souhaitent faire avancer les choses. Elles ne peuvent d'ailleurs que progresser puisque le constat qui est fait est celui d'un échec des politiques mises en place pour que les lycéens se sentent concernés par la vie du lycée et y participent.

Je partage la plupart des constats qui sont faits sur les lycéens, notamment en ce qui concerne leur méconnaissance des structures existantes ; nombreux sont ceux qui n'ont jamais entendu parler du CVL. Malgré les efforts de certaines académies, comme celle d'Amiens, qui se trouve dans ma circonscription, qui a organisé toutes les élections le même jour et qui a mis en place la fameuse « Lettre aux lycéens » (LOL), les lycéens et même des enseignants d'Amiens n'ont jamais entendu parler de la LOL. Ce sont de beaux efforts, mais qui n'ont pas de portée sur le terrain. Organiser toutes les élections le même jour est intellectuellement satisfaisant ; mais ces élections ne jouent pas le rôle qu'elles devraient avoir dans l'établissement. Le rapport le relève, d'ailleurs, en préconisant d'organiser une vraie campagne, ce qui est matériellement impossible puisque le CVL doit être élu avant le premier conseil d'administration, lequel arrive tôt dans la vie scolaire, au mois de septembre. Ne conviendrait-il pas, par conséquent, de repousser le premier conseil d'administration en octobre ou novembre pour redonner de l'intérêt aux élections en les organisant dans de bonnes conditions et non dans la période d'organisation de l'année scolaire ?

Ceci m'amène à vous interroger sur le CVL et ses compétences. Nous avons l'habitude en France de juxtaposer les structures sans permettre à chacune d'exercer toutes ses compétences. Celles du CVL sont nombreuses ; mais il n'est pas décisionnaire, sauf sur quelques points. Et même si l'on accroît ses pouvoirs de décision, comme le rapport le propose, notamment en matière de gestion des fonds de vie lycéenne, la véritable instance de décision demeure le conseil d'administration de l'établissement. Or, c'est une instance dans laquelle les lycéens sont « étouffés » car ils y siègent sans formation, sans avoir eu le temps de se concerter. C'est, de plus, une instance administrative, qui décide des budgets et qui n'a pas les compétences qu'elle devrait avoir en matière de pilotage de l'établissement, de discussion de problèmes scolaires, d'emploi du temps, d'hygiène, de santé, de sécurité, de politique éducative, culturelle… Si toutes ces questions n'étaient pas déléguées à des instances qui existent parallèlement mais traitées par le conseil d'administration, celui-ci deviendrait une instance où les lycéens prendraient part à la décision. Il faudrait alors revoir le rôle du CVL en se demandant si les délégués au CVL ne devraient pas être formés par les personnels pour porter, en concertation avec les délégués de classe, des propositions au conseil d'administration.

De même, si j'approuve les propositions qui sont faites sur les Maisons des lycéens, qui me semblent de bon sens, je m'interroge sur les autres structures qui existent aux niveaux académique et national. Le conseil académique de la vie lycéenne (CAVL), par exemple, a-t-il une utilité véritable, en dehors du fait que les élèves peuvent y rencontrer le recteur ?

En revanche, les lycéens devraient avoir toute leur place dans de vraies instances comme les conseils départementaux et académiques de l'éducation nationale, où ils pourraient être écoutés. Il faudrait également augmenter leur représentation dans le Conseil supérieur de l'éducation, où ils ne sont que trois parmi les quatre-vingt-dix-sept membres.

Enfin, le rôle des personnels est très important, mais je ne vois pas l'intérêt de multiplier les référents, en ajoutant, par exemple, un « référent de vie scolaire ». Former les personnels à l'intégration des lycéens dans la vie lycéenne me semble, en revanche, essentiel et je souscris tout à fait aux propos qui ont été tenus dans ce domaine.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion