Intervention de Jean-Jacques Bridey

Séance en hémicycle du 17 octobre 2012 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2012 à 2017

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Bridey :

Les gouvernements de droite qui se sont succédé pendant dix ans nous ont laissé en héritage des comptes publics déficitaires et insincères, présentant des déficits qu'ils avaient laissé doubler au fil de leurs cadeaux fiscaux et des promesses qui n'engageaient que ceux qui y croyaient mais qui n'avaient aucun début de traduction budgétaire.

Devant cette grave situation, nous devons une réponse aux Françaises et aux Français. Nous leur devons une réponse à leurs interrogations et à leurs angoisses. C'est en effet vers eux que nous devons nous tourner, monsieur le ministre, comme vous l'avez fait.

Les Français nous disent qu'ils n'en peuvent plus. Ils nous disent qu'ils sont fatigués de voir continuellement augmenter le coût de la vie alors même que leur qualité de vie se détériore ; fatigués de voir l'avenir de leurs enfants s'assombrir à tel point que certains ont perdu tout espoir et toute confiance en ce même avenir ; fatigués de voir notre modèle social inlassablement remis en question, bafoué et stigmatisé à tel point que la cohésion sociale est parfois dangereusement remise en cause.

Surtout, ils sont inquiets de ne voir aucune perspective d'avenir pour notre pays et pour leur famille. Ils sont révoltés de s'apercevoir que la crise n'est pas la même pour tout le monde et que la justice n'est plus le ciment de notre société.

Ils nous disent qu'ils veulent que les efforts soient partagés et que ce ne soit pas toujours aux mêmes de se serrer la ceinture. Les Français nous disent qu'il y a urgence à traiter ces problèmes, les leurs et ceux de notre pays. Ils nous disent qu'ils attendent de leurs représentants, c'est-à-dire nous qui sommes ici, sincérité, crédibilité et transparence, et même du courage.

Notre responsabilité est de leur répondre de manière juste et courageuse. Nous devons leur répondre que l'effort doit être partagé par toute la collectivité nationale, y compris les ménages les plus aisés, les grandes entreprises, les philanthropes, ceux qui possèdent des oeuvres d'art, les sportifs, les acteurs et les artistes. Chacun doit contribuer à hauteur de ses revenus, qu'il les tire de son travail ou de son capital, de l'exercice de ses talents comme de ses passions. Et ce, bien entendu, conformément à la logique progressive qui est la nôtre.

Notre pays est depuis trop longtemps habitué aux exceptions et aux passe-droits. Quand on parle d'imposer ceux qui spéculent sur les oeuvres d'art, on nous répond que le marché de l'art va en souffrir. Quand on parle d'imposer les sportifs, on nous répond qu'ils vont partir jouer dans d'autres clubs. Quand on décide d'imposer les grandes entreprises, on nous répond qu'elles vont délocaliser. Quand on fait le choix d'imposer les ménages aisés, on nous raconte qu'ils vont s'exiler eux et leurs familles. Et pour tous ces oiseaux de mauvais augure, à droite de cet hémicycle, la solution serait de continuer à imposer les classes moyennes et les ménages les plus fragiles ! Imposer ceux qui sont les plus nombreux mais qui ont le plus de mal à finir le mois et à se faire entendre !

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