Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du 30 octobre 2013 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Le groupe UMP ne porte pas la même appréciation sur les deux parties de votre rapport, madame Sommaruga. Vous comprendrez aisément qu'il ne puisse partager le constat dressé par sa première partie, qui traite notamment de la revalorisation du métier d'enseignant. Je me contenterai ici, sans réitérer les propos que j'ai tenus en commission élargie, de vous faire part de quelques réflexions.

Tout d'abord, nous ne voyons aucune différence entre les internats de la réussite et les internats d'excellence. Les collégiens, lycéens et étudiants qui en bénéficient sont en effet les mêmes – ceux qui ne jouissent pas dans leur famille de conditions favorables pour poursuivre leurs études. Bref, il s'agit d'une mesure de promotion de l'égalité des chances. Pourquoi donc avoir changé sa dénomination ?

J'en viens aux emplois. Vous écrivez que l'éducation nationale apporte sa contribution à l'effort collectif de maîtrise des finances publiques. Permettez-moi d'en douter : les créations de postes conduisent inévitablement à des dépenses supplémentaires. Ce n'est pas de gaieté de coeur que la majorité précédente avait pris la décision de ne pas remplacer un enseignant partant à la retraite sur deux. J'observe que le rapport de la Cour des comptes intitulé « Gérer les enseignants autrement » va dans ce sens.

Je dénonce par ailleurs un transfert de charges vers les collectivités locales. Jusqu'à aujourd'hui, les dépenses de matériel pédagogique étaient assumées par l'État. Certes, nous allons vers le numérique, mais ce transfert est incontestable.

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre les crédits de cette mission.

J'en viens à la seconde partie du rapport, qui porte sur la rénovation de l'enseignement des sciences. Je salue le travail approfondi conduit par la rapporteure pour avis, dont le jugement parfois sévère est tempéré par des propositions qui confortent largement les conclusions de la mission d'information conduite en 2006 par Jean-Marie Rolland sous le titre « Réconcilier les jeunes et les sciences », dont je faisais partie. Nous pouvons certes regretter de ne pas avoir plus de Georges Charpak en France, mais l'expérience de la fondation La main à la pâte, aujourd'hui présidée par M. Pierre Léna, a tout de même permis de faire bouger les choses, notamment dans l'enseignement primaire. Il reste que les sciences ont toujours été considérées comme élitistes, voire comme un enseignement inaccessible pour certains. Il faut donc valoriser toutes les expériences qui vont dans le bon sens.

S'agissant de l'égalité entre les hommes et les femmes, il semble que les différences s'estompent, même si beaucoup reste à faire. Les bourses de la vocation scientifique et technique des femmes, pilotées par le ministère des droits des femmes, ont permis d'obtenir certains résultats. J'évoquerai aussi une expérience qui se poursuit depuis 1987 au Canada, celle de l'association les Scientifines, qui aide les jeunes filles des quartiers défavorisés à « s'en sortir » par un apprentissage ludique des sciences. Là encore, on arrive à certains résultats en suscitant chez elles la curiosité et la persévérance.

Nous ne pouvons en revanche accepter de vous entendre dire que la formation aurait été sacrifiée dans les dernières années. La masterisation, d'ailleurs souhaitée et acceptée par tous, n'a pas été remise en cause dans ce domaine, même si quelques perturbations ont été observées en 2010 et 2011.

Néanmoins, je souscris entièrement aux propos de Pierre Léna lorsqu'il dit que le coeur du sujet en matière d'enseignement scientifique est celui de la formation des professeurs. J'irai même plus loin : il y a un défaut de formation scientifique chez la plupart des directeurs d'école et des chefs d'établissement. C'est une faille qu'il nous faut combler. Vous avez évoqué les missions des ESPE ; acceptons-en l'augure.

Pour conclure, j'aimerais évoquer une expérience partie d'Alsace en 1990 : Mathématiques sans frontières. Ce concours – qui s'adresse aux CM 2 et aux sixièmes pour les épreuves junior, et aux troisièmes et aux secondes pour les épreuves senior – a aujourd'hui lieu dans de nombreuses académies ; il a même traversé les frontières, puisqu'il est également organisé en Allemagne. Nous devons promouvoir toutes ces initiatives. Bref, il y a encore beaucoup d'essais à transformer.

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