Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 30 octobre 2013 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Le groupe écologiste partage les différents constats énoncés dans le rapport pour avis.

Pour redonner le « goût d'apprendre les sciences » à toutes et tous, il convient en effet de revoir la façon dont les sciences sont enseignées. Non seulement nous avons besoin de plus d'enseignements pratiques et d'expériences, mais il faut mieux former les enseignants et assurer davantage d'interdisciplinarité, ce qui suppose de revoir les programmes.

Le constat d'un enseignement trop théorique est partagé par les écologistes et vaut également pour d'autres enseignements, notamment les cours de langues où le manque de pratique est plus qu'avéré et concourt à expliquer le faible niveau des Français en langues vivantes étrangères.

Il faut aussi changer de paradigme dans les apprentissages : l'élève ne doit pas seulement écouter sagement les enseignements dispensés ; il doit aussi participer. Nous devons promouvoir les enseignements participatifs et le débat. Cela permettra aussi de changer l'image de l'enseignement scientifique, trop souvent perçu comme un outil de sélection scolaire, alors que l'objectif devrait être celui de la « réussite pour tous », quelle que soit la matière enseignée.

Concernant la culture scientifique et technique, il est fondamental que l'enseignement théorique soit accompagné par des expériences pratiques en classe, en laboratoire et à l'extérieur. Nous souhaitons d'ailleurs que les crédits consacrés aux innovations pédagogiques soient renforcés : ils s'élèvent à 55, 6 millions d'euros, soit à peine 5 euros par élève !

Il faut également faire le lien avec les projets éducatifs territoriaux (PEDT). La culture scientifique et technique peut parfaitement faire l'objet de projets éducatifs. En effet, le lien entre le scolaire et le périscolaire ou entre l'intérieur et l'extérieur de l'école peut se faire via des projets relevant de la culture scientifique et technique. L'intérêt pour les sciences sera amplifié s'il est accompagné d'une démarche participative, expérimentale et ludique. De nombreuses associations sont d'ailleurs connues pour leur engagement au profit de la culture scientifique et technique pour tous. Je pense aux Petits Débrouillards, souvent cités dans le rapport, à la création de la Maison d'initiation et de sensibilisation aux sciences destinée aux primaires, qui est en cours en Ile-de-France, ou encore aux Fêtes de la science, qui ont par exemple lieu à Amiens et qui connaissent un grand succès, notamment auprès des enfants.

Après les classes de mer et les classes vertes, pourquoi ne pas créer des « classes de sciences » ?

La formation des enseignants est un enjeu fondamental. Comme le souligne le rapport, les professeurs des écoles – mais aussi les directeurs d'école, comme l'a souligné M. Frédéric Reiss – sont majoritairement issus des filières littéraires ou sociales, et par conséquent insuffisamment formés à la démarche scientifique. Des associations comme La main à la pâte, qui a été auditionnée par la rapporteure pour avis, font déjà ce travail de formation à la culture scientifique et technique. L'objectif est d'aider les enseignants à découvrir et à enseigner la science et la technologie en mettant en oeuvre une pédagogie d'investigation qui permette de stimuler chez les élèves esprit scientifique, compréhension du monde et capacités d'expression. Surtout, il faut que les ESPE intègrent un volet culture scientifique et technologique dans la formation des futurs enseignants.

Ce doit aussi être un enjeu pour la formation continue. Oui, il faut renforcer le budget dédié à la formation continue. L'idée d'intégrer les Maisons régionales des sciences dans les ESPE doit être regardée de près. Ces maisons ont pour vocation – dans le sillage de la Main à la pâte – d'accueillir des professeurs des écoles et des collèges pour actualiser leurs connaissances scientifiques. Cette évolution de leur pédagogie se ferait au bénéfice de tous les élèves.

S'agissant des contenus, nous attendons comme vous beaucoup du nouveau Conseil supérieur des programmes : c'est l'ensemble des programmes de 2008 qu'il convient de refonder.

Il faudrait aussi renforcer les liens entre disciplines et l'interdisciplinarité. Le décloisonnement des apprentissages est une bonne chose, et l'expérimentation des EIST est très intéressante.

Je partage également l'analyse de la rapporteure quant au problème des horaires au collège. Les successions d'heures morcelées et sans cohérence – une heure de mathématiques, puis une heure d'anglais, puis une heure de sport – sont problématiques.

Enfin, je souhaite insister sur la féminisation des sciences. L'école est un vecteur de reproduction des stéréotypes de genre, c'est-à-dire des comportements attendus en fonction de notre sexe biologique – par exemple, les formations littéraires pour les femmes et les formations scientifiques pour les hommes. Cela explique le faible nombre de femmes scientifiques et ingénieures en France. Il importe de s'attaquer très tôt à ces stéréotypes de genre ; je souhaiterais que cet aspect soit clairement mentionné dans les priorités gouvernementales.

En dépit de ces quelques remarques, ce budget va dans le bon sens. Nous voterons donc les crédits de la mission « Enseignement scolaire ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion