Intervention de Julie Sommaruga

Réunion du 30 octobre 2013 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulie Sommaruga, rapporteure pour avis :

S'agissant de la formation, je conseille à certains de nos collègues d'aller constater sur le terrain ce que pensent les enseignants. Vous dites que leur formation n'a pas été sacrifiée. Mais le décalage est grand entre vos affirmations et leur ressenti.

S'agissant de la formation dans les disciplines scientifiques, les enseignants, en particulier ceux du premier degré, ressentent un fort sentiment d'insécurité, d'abord, parce qu'il n'y a plus de formation initiale ; ensuite, parce qu'ils sont souvent issus de filières littéraires. Sans un apport fort sur les matières scientifiques, ces enseignants n'oseront donc pas assumer une telle démarche auprès des élèves.

S'agissant de la formation continue, les difficultés sont réelles et vous ne pouvez pas le nier. Celle-ci a été sacrifiée, parce que la suppression de postes opérée ces dernières années a été telle qu'il n'était pas possible de remplacer les enseignants qui souhaitaient se former. Nous sommes en train, dans ce domaine également, de redresser la situation.

Plusieurs de nos collègues de l'UMP ont évoqué la question des internats. Le dispositif des internats d'excellence consistait à repérer les meilleurs élèves, que l'on « sortait » de leur quartier. Nous n'avons pas voulu poursuivre une telle politique – conformément au souhait des inspections générales elles-mêmes. Par ailleurs, je considère que la création d'internats pour les élèves en difficulté est un investissement d'avenir. Le ministre vous a répondu très clairement à ce sujet la semaine dernière.

S'agissant des moyens pédagogiques, je suis d'avis que l'on consacre une ligne budgétaire à l'achat de matériels destinés à la mise en place d'expérimentations. Je préconise par ailleurs un partenariat avec les sociétés savantes et les institutions ou établissements scientifiques. Cela dit, la question des moyens se pose, d'autant qu'il y a de fait une inégalité territoriale. D'une part, certaines collectivités s'engagent davantage que d'autres, alors que ce ne sont pas forcément les plus riches – je peux vous citer l'exemple de la commune de Bagneux, qui a organisé le Forum des sciences et mis en place des activités pédagogiques autour des sciences. D'autre part, les équipes d'inspection et les enseignants que nous avons rencontrés sur le terrain ont déploré le temps qu'ils devaient consacrer à trouver des partenariats gratuits.

S'agissant du périscolaire, des partenariats existent. Certes, les associations ne sont pas très nombreuses, mais elles sont très compétentes – encore faut-il connaître leur existence ! Un certain nombre d'entre elles, qui ont noué des partenariats avec l'éducation nationale, sont subventionnées. Elles constituent un véritable vivier.

Enfin, les universités, et particulièrement les doctorants, peuvent intervenir dans le cadre du périscolaire, sachant que l'enseignant doit conserver la maîtrise du lien entre les activités périscolaires et les activités scolaires.

S'agissant de l'égalité hommesfemmes, il faut rappeler que le niveau des élèves est le même chez les garçons et chez les filles ; c'est l'orientation en fin de collège qui change la donne. Les filles « s'autocensurent » parce qu'elles estiment que certains métiers ne sont pas faits pour les femmes. Lorsqu'elles sont scientifiques, elles s'orientent plus facilement vers la médecine que vers les métiers d'ingénieur. Nous devons modifier de tels comportements.

Selon la loi pour la refondation de l'école, l'orientation favorise la représentation équilibrée entre les hommes et les femmes parmi les filières de formation. Il faudrait inviter des femmes scientifiques dans les écoles, se préoccuper de ces questions dès la maternelle, sensibiliser les enseignants, travailler les manuels et réfléchir avec les parents. Nous avons auditionné des représentants de fédérations de parents d'élèves qui y sont tout à fait favorables.

Thierry Braillard a déjà répondu à Rudy Salles s'agissant du Conseil supérieur des programmes. J'ajoute que celui-ci n'a été installé que le 10 octobre dernier. Or tout le monde sait qu'il n'est pas possible de faire un bilan en quelques semaines. Laissons-lui donc le temps de réfléchir en toute indépendance. L'enjeu est trop important pour que l'on se précipite.

Marie-George Buffet a soulevé la question du recrutement. Je me suis effectivement demandé, au moment des auditions, s'il fallait que les professeurs des écoles aient un profil plus scientifique. Je ne le crois pas. Il faut d'abord aider les enseignants qui ont un profil littéraire à suivre une formation adéquate pour s'engager dans une démarche scientifique. Et peut-être faudrait-il également réfléchir à la place des sciences dans les baccalauréats littéraires ; celles-ci ont en effet été supprimées.

Je pense moi aussi que le budget de la formation continue doit être renforcé. Les inspections générales ont proposé d'instituer trois jours annuels de formation par enseignant. Il faudrait que, dans ce cadre, la culture scientifique soit appréhendée.

Enfin, je répondrai à M. Thierry Braillard sur l'EIST – l'enseignement intégré de science et technologie. Comme je l'ai indiqué dans le rapport, c'est une expérimentation très enrichissante. Si j'ai écrit que sa généralisation n'était pas envisageable, c'est en raison du coût que cela représenterait, et de la réaction des enseignants du second degré. Ceux-ci sont en effet pratiquement unanimes à ne pas vouloir entrer dans la polyvalence, ce que l'on peut comprendre. Reste que l'EIST constitue un levier vers l'interdisciplinarité, dont les enseignants sont par ailleurs plutôt demandeurs.

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