Intervention de Rémy Pflimlin

Réunion du 20 novembre 2013 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rémy Pflimlin, président de France Télévisions :

Chacune des questions abordées mériterait de longs développements. Comme le temps qui m'est imparti ne le permet pas, je me propose de transmettre des réponses écrites aux questions spécifiques et de concentrer mon propos sur quelques sujets importants souvent évoqués.

La régionalisation de France 3 est une question permanente et lancinante. L'ancien directeur général de France 3 que je suis peut en témoigner : il y a plus de dix ans, j'avais proposé la création de télévisions numériques régionales mais le projet n'a pas abouti. La situation que nous connaissons aujourd'hui est d'abord caractérisée par une forte contrainte budgétaire, que vous avez tous décrite. Or, la télévision est une activité qui coûte infiniment plus cher que la radio, ce pourquoi le parallèle souvent fait avec le réseau France Bleu ne tient pas. La question des moyens est centrale. Si nous avons gagné en productivité, si nous nous organisons mieux pour faire plus avec moins, c'est pour remplir nos missions dans les meilleures conditions, et parce que ces gains de productivité nous permettent de nous adapter.

Par ailleurs, notre environnement a complètement changé, et la perspective du développement d'une offre régionale doit s'inscrire dans son temps, l'ère numérique, en permettant aux individus d'aller chercher les contenus qu'ils souhaitent où qu'ils soient. Je souligne aussi que France 3 « nationale » joue un rôle essentiel en matière de création. L'objectif qui nous est fixé est d'investir un peu plus de 400 millions d'euros dans la production audiovisuelle et 60 millions d'euros dans la production cinématographique. Les oeuvres ainsi créées à grands frais ne peuvent être diffusées que sur des grandes chaînes généralistes ; nous avons besoin des deux canaux nationaux complémentaires que sont France 2 et France 3, qui jouent un rôle fédérateur essentiel dans le pays. Oui, il faut garder des chaînes généralistes, pour pouvoir diffuser des fictions vues par 3,5 millions de téléspectateurs, des journaux télévisés vus par plus de 3 millions de téléspectateurs, ou encore un documentaire comme celui qu'a récemment diffusé France 3 sur la situation du pays analysée par des sociologues et des statisticiens et qui a réuni un million de téléspectateurs. Même si ce million de personnes ne représente que 5 % d'audience, c'est très important.

Il est donc besoin d'une offre nationale forte, complétée par une offre régionale que nous pouvons renforcer de deux manières : sur supports numériques et dans la perspective du développement de l'audiovisuel régional et local. Qu'attend-on sur le plan national et sur le plan régional ? Comment travailler avec les créateurs locaux et régionaux et avec les télévisions locales ? Pour répondre à ces questions d'ordre politique, la ministre de la culture et de la communication a décidé de constituer un groupe de travail auquel nous participons pour la moitié de ses membres. Il est chargé de définir la place de l'audiovisuel public régional en termes de lien social, d'information, de développement de l'animation locale et régionale, et de dire quels canaux utiliser pour diffuser ces contenus.

La chaîne nationale France 3 joue un rôle essentiel, sauf à nous dire que nous devons réduire l'investissement en création de 400 à 200 millions d'euros, mais l'on n'en est pas là aujourd'hui. Une perspective différente est nécessaire – qui ne peut être celle que j'avais envisagée il y a dix ans –, étant entendu que l'information locale et régionale est préservée et continue d'augmenter très fortement en régions, avec de très bonnes audiences ; que nous développons les prises d'antenne exceptionnelles ; que la multidiffusion est l'une des caractéristiques de la télévision de l'époque, pour toutes les chaînes. Cette réflexion stratégique engage le pays. Il faut donc une vision claire des objectifs, mais aussi des moyens nécessaires pour y parvenir. Sait-on que les chaînes régionales allemandes de l'ARD disposent de 800 millions à un milliard d'euros quand l'ensemble de France 3 régionale est dotée de 350 millions ? Il y a là une question fondamentale dont j'espère que nous pourrons traiter au fond dans les mois qui viennent.

Avec votre autorisation, monsieur le président, je laisserai M. Patrice Papet traiter de l'emploi et du plan de départs volontaires.

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