Intervention de Jean-Michel Jolion

Réunion du 16 avril 2014 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Jolion, adjoint de la directrice générale pour l'enseignement supérieur et l'insertion professionnelle au ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Merci, mesdames, messieurs les députés, de nous donner l'occasion de débattre des classes préparatoires.

Quelques chiffres pour planter le décor : si l'on prend en compte les deux années, les classes préparatoires accueillent 80 000 étudiants environ, et 8 % des bacheliers d'une année s'y trouvent, contre 23 % dans les sections de techniciens supérieurs (STS). Les effectifs ont augmenté de près de 13 % depuis dix ans. Cette progression est supérieure à celle enregistrée pour l'ensemble de l'enseignement supérieur, mais reste équivalente à celle-ci si l'on prend en compte les seules cinq dernières années – soit une progression d'environ 1 % par an depuis 2008.

Il est en outre intéressant de mettre en regard les résultats et les voeux émis dans le cadre de la procédure d'admission post-bac (APB). Si l'on s'en tient au premier voeu émis, c'est en fait la stabilité de la demande qui explique celle des effectifs des classes préparatoires. En revanche, le nombre de classes ouvertes a fortement augmenté, même si ce chiffre global recouvre à la fois des ouvertures et des fermetures de classes.

Comme leur nom l'indique, les classes préparatoires préparent aux concours des grandes écoles, mais ce n'est pas le seul débouché possible. Il est largement majoritaire dans les filières scientifiques, moins dans les filières commerciales et surtout littéraires pour lesquelles l'université est une voie courante.

Ce segment de l'enseignement supérieur, dans le prolongement du lycée, s'appuie beaucoup sur l'enseignement présentiel. C'est un critère important dans la qualité d'une formation mais ce n'est pas forcément suffisant et les innovations pédagogiques ont autant d'importance.

Les classes préparatoires contribuent à la nécessaire diversité de l'enseignement supérieur français. La préparation aux métiers et l'insertion des jeunes ne pourraient se concevoir dans un moule unique et des systèmes complémentaires – certains sélectifs, d'autres pas – doivent coexister. Le dispositif des classes préparatoires s'inscrit dans l'enseignement supérieur de proximité, tout comme les STS, plus nombreuses donc mieux réparties sur le territoire. Cependant, force est de constater que toutes les ouvertures de classe ne sont pas toujours couronnées de succès. Elles attirent, mais pas toujours de manière pérenne, et il arrive que le manque de demande conduise à les fermer. Il faudrait se pencher sur l'accompagnement social des jeunes dans l'enseignement supérieur. Doit-il nécessairement passer par un enseignement de proximité qui, de fait, ne garantit pas toujours la diversité, ni l'adossement à la recherche, ni même l'accès aux infrastructures sportives, culturelles, sociales ?

S'agissant de la diversité sociale, les classes préparatoires accueillent 28,3 % de boursiers, contre 36 % dans le premier cycle de l'enseignement supérieur, ou cycle L. L'écart s'est resserré, mais il persiste et doit encore être réduit. En outre, plus de 50 % des élèves des classes préparatoires proviennent de ce que l'on appelle les catégories socioprofessionnelles (CSP) favorisées, ce qui n'est pas le cas ailleurs. Mais la proportion est la même si l'on s'attache aux demandes faites par les élèves de terminale, c'est-à-dire au premier voeu de ceux qui s'inscrivent dans l'enseignement supérieur, via la procédure APB. Il n'y a donc pas de filtre à l'entrée des classes préparatoires. Ce sont bien les demandes qui sont biaisées par l'origine sociale.

Sous la pression des demandes et des comparaisons internationales, l'enseignement supérieur se réorganise. Ainsi, le programme des classes préparatoires vient d'être révisé afin, notamment, de développer une approche par compétence. Nous travaillons en ce moment avec les grandes écoles à mieux expliciter ce qu'elles attendent des candidats afin que ce soit plus clair pour eux.

L'objectif est d'inscrire pleinement les classes préparatoires au sein de l'enseignement supérieur ; elles ne doivent pas être isolées du reste. C'est pourquoi la loi du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche, dite loi « ESR », a généralisé – elles existaient déjà – les conventions entre les lycées portant des classes préparatoires et les autres établissements publics d'enseignement supérieur. Tous les établissements portant une formation relevant de l'enseignement supérieur sont concernés, c'est-à-dire également ceux qui ont des STS. Pour les universités, c'est une nouveauté qui représente une grosse charge de travail. Les établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) avec lesquels les lycées doivent contracter relèvent de l'éducation nationale mais aussi des ministères de l'agriculture et de la défense. Les conventions devront créer des passerelles pour les étudiants, notamment par des reconnaissances de parcours pour les jeunes qui veulent obtenir une licence, permettre un rapprochement des équipes pédagogiques et un accès mutualisé à des plates-formes pédagogiques, technologiques ou documentaires.

Les conventions sont en cours d'élaboration. Les recteurs ont reçu mission d'animer le débat. Des modèles de convention ont été proposés dans chaque académie. La date limite a été fixée à la fin 2014, de façon que le contenu des conventions soit disponible pour orienter les choix des futurs bacheliers dès le printemps 2015. Les recteurs nous font un point régulier de l'évolution des dossiers. Dès la rentrée 2014, des résultats devraient être obtenus pour ce qui concerne les lycées portant des classes préparatoires car les partenariats avec les universités étaient déjà nombreux. Il faudra attendre davantage pour les STS.

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