Intervention de Stéphane Travert

Réunion du 6 mai 2014 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Travert :

C'est une année particulière pour le CSA, car elle marque le début de l'application de la loi du 15 novembre 2013. Ces dispositions législatives ont redonné au Conseil la mission de désigner les présidents des sociétés nationales de l'audiovisuel public. La nomination du président de Radio France marque sans conteste la volonté d'indépendance du CSA.

Votre rapport nous fournit de nombreuses propositions d'évolutions législatives et réglementaires. À nous maintenant de travailler !

La télévision s'étant affirmée comme le premier grand média, devant la presse et la radio, il est nécessaire de s'assurer de la qualité du service qui est dû à nos concitoyens. Le CSA doit assumer pleinement son rôle de régulateur des contenus et doit être à même de promouvoir les valeurs républicaines, de porter nos ambitions locales et sociales, mais aussi de promouvoir la diversité culturelle. En ce sens, le législateur a récemment renforcé les responsabilités du CSA concernant les stéréotypes véhiculant une image dégradante de la femme.

L'exercice de la mission de proximité et de présence territoriale constitue un objectif incontournable du service public. Le caractère très centralisé de l'offre médiatique contribue à éloigner les territoires et leurs habitants d'un supposé centre de la vie culturelle et politique. Les décrochages régionaux s'apparentent encore trop à une vision des régions bien éloignée de la réalité.

La proximité géographique soulève la question de la concentration des fréquences de radios. La révision de la méthode de calcul du CSA a eu pour effet de relever le plafond de concentration. Pourtant, les dernières études d'audience montrent que les radios indépendantes sont écoutées chaque jour par près de 10 millions d'auditeurs. Je tiens à rappeler notre attachement à ces radios indépendantes, qui constituent de véritables foyers d'expérimentations, propices à la création, et qui représentent une interface plus accessible entre les métiers de l'information et les territoires.

En ce sens, la convergence entre la radio, la télévision et l'internet peut constituer un terrain fertile pour la réflexion sur l'évolution des comportements des téléspectateurs et des auditeurs. L'écoute des podcasts de la radio est en progression constante, et votre rapport dévoile que ces usages concernent des programmes de catégories différentes : 35,7 % relèvent du divertissement, un tiers de programmes culturels et 22,2 % d'information. Il y a ici un réel enjeu d'avenir. Nous devons prendre acte de ces nouveaux comportements et engager une réflexion profonde pour accompagner l'audiovisuel public dans ces mutations. Le contenu en ligne, accessible à la demande, bouscule nos pratiques, et il s'avère nécessaire d'accompagner les entreprises dans ces mutations afin que l'offre de service public ait toute sa place dans ce paysage. C'est à cette condition que l'internet pourra être un levier de promotion de la création audiovisuelle et de libre accès à la culture et au pluralisme d'information. Le CSA doit être extrêmement attentif à ces questions puisque ces nouveaux usages posent la question de la régulation des contenus. Les nombreuses propositions que votre rapport formule montrent que vous êtes partie prenante du débat et que vous souhaitez vous placer au centre de celui-ci. Comme vous, j'estime que nous devons inscrire la régulation de l'offre numérique dans un cadre européen, et ces réflexions doivent participer d'une démarche constructive et tournée vers l'avenir.

À moins d'un mois de l'élection des députés européens, j'attends que le service public audiovisuel puisse informer comme il se doit nos concitoyens aux heures de grande écoute sur cette élection primordiale pour le développement de notre pays. Nous savons que Mme Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, a saisi le CSA à ce sujet.

Dans la mesure où les Français ont regardé, en moyenne, 3 heures et 46 minutes de télévision par jour en 2013, les pouvoirs publics doivent veiller à ce qu'une offre de qualité soit proposée. Au-delà des mesures quantitatives du pluralisme en période électorale, quels sont les instruments qualitatifs dont vous disposez pour juger de la qualité d'un programme ou de son caractère non stigmatisant ? Comment parvenez-vous à remplir votre mission de veille sur la cohésion sociale et l'égalité des droits ?

Quelles sont vos réflexions pour la promotion de la diversité des territoires et, notamment, pour celles des zones rurales ?

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