Intervention de Michel Françaix

Réunion du 18 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Au nom du groupe SRC, je ne peux que constater, après vous avoir écouté, que nous vivons, décidément, dans un monde qui bouge et qui est passé, dans le domaine des médias, de la pénurie à l'abondance. Radio France doit donc s'adapter à cette nouvelle donne.

Nous vivons aussi dans un monde de paradoxes. Premier paradoxe, il faut sauver l'audience, mais aussi garder l'esprit du service public. Deuxième paradoxe, il faut moderniser l'entreprise, mais aussi conserver son histoire, celle-ci faisant la force de celle-là. Autre paradoxe : la reconnaissance du « passage obligé » que constitue le développement du numérique ne doit pas exclure une certaine prudence à l'égard de « l'ébriété technologique », car la radio reste un média d'accompagnement, peut-être le seul, dont la dimension intime, que vous avez soulignée, doit être préservée. Donc, il lui faut être moderne, tout en préservant ses spécificités.

Paradoxe aussi que l'attention qui doit être portée à France Info, la radio qui sera sans doute la plus concurrencée par internet et les chaînes d'information en continu, et la part qu'elle accorde, aujourd'hui, aux programmes préenregistrés, dont je ne suis pas sûr qu'ils permettent de suivre au plus près, comme vous le souhaitez, l'actualité la plus « chaude ». Il faut donc trouver un juste milieu.

Le Mouv' constitue un autre paradoxe : tout le monde veut sauver cette radio, mais ses réalisations ont été, jusqu'ici, médiocres. Il faut en faire un vecteur des cultures urbaines, certes. Mais comment trouver les bons codes, ce qui demande du temps ? Il faut aussi recréer un lien avec le jeune public. Pourquoi Skyrock réussit-elle là où Radio France ne réussit pas ?

Paradoxe aussi que la présence de deux orchestres de qualité qui passent leur temps à se concurrencer au lieu de discuter ensemble de leur avenir.

Quant aux évolutions possibles, il faudrait – je crois d'ailleurs que vous l'avez vous-même dit –, que les radios généralistes soient encore plus généralistes et les radios thématiques encore plus thématiques.

En ce qui concerne la gestion de l'entreprise, on se félicite de vos avancées en termes de mixité, de parité et de diversité. Mais quid du renouvellement nécessaire des générations ? Il est vrai aussi que les politiques ne donnent pas l'exemple – et je vois certains collèges sourire en m'écoutant !

Au sujet de la conquête des nouveaux publics, comment allez-vous vous y prendre ? Comment Radio France pourrait-elle découvrir de nouveaux talents ? Par ailleurs, comment pourrait-on lui donner une vocation plus européenne et internationale ?

Pour conclure, cette radio a une âme et un esprit de corps, mais il faut maintenant en faire, comme vous le préconisez, une « marque ». À ce propos, quelles synergies pourraient être développées avec France Télévisions, France Média Monde et l'Institut national de l'audiovisuel (INA), un sujet évoqué par le Président de la République ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion