Intervention de Christophe Premat

Réunion du 18 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Premat :

J'ai été sensible à vos propos sur la stratégie numérique de Radio France. L'un des enjeux essentiels est d'adapter la radio aux exigences du numérique afin de toucher des publics de plus en plus nombreux et d'universaliser, par ce biais, le paysage radiophonique.

Eu égard à la circonscription dans laquelle j'ai été élu, je sais à quel point nos compatriotes résidents hors de France sont attachés à la diffusion des émissions radiophoniques françaises par le biais d'internet et notamment des podcasts. Cet accès aux médias radiophoniques est d'autant plus essentiel qu'il constitue bien souvent, avec la presse écrite, le seul accès aux médias français à l'étranger, les droits télévisuels empêchant généralement l'accès aux télévisions françaises en dehors de l'hexagone.

L'un de vos projets consiste à valoriser les podcasts, dont vous souhaiteriez qu'une partie du coût soit pris en charge par les consommateurs. Si la valorisation des contenus numériques est un enjeu essentiel pour l'industrie culturelle, j'attire votre attention sur les risques que comporte une telle mesure. Les publics francophones et francophiles à l'étranger, compte tenu des différences horaires, téléchargent généralement les podcasts des émissions qu'ils ne peuvent écouter aux heures de programmation habituelles. L'établissement d'une rente payante serait dommageable, car elle limiterait l'accès de ce public aux programmes de Radio France.

De plus, les podcasts sont souvent utilisés pour promouvoir la francophonie, notamment par les enseignants de français à l'étranger. Je rappelle que l'organisation internationale de la francophonie remet, tous les deux ans, à son secrétaire général, un rapport sur l'état de la langue française dans le monde, dans lequel la couverture radiophonique est largement mentionnée. Selon les données disponibles, la francophonie est animée par 440 000 professeurs de français dans le monde, 120 millions de francophones et 112 millions d'apprenants. Radio France Internationale diffuse ainsi des fiches pédagogiques qui sont largement utilisées par notre réseau culturel. Je souhaitais attirer votre attention sur ce point, d'autant plus que, d'après les projections, on compterait 500 millions de francophones en 2050, dont 80 % vivraient en Afrique.

Dans ces circonstances, comment concilier l'impératif de valorisation économique et l'égalité d'accès au service radiophonique pour tous nos concitoyens, surtout lorsque cela peut avoir un impact sur la diffusion de la langue française ?

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