Intervention de Maud Olivier

Réunion du 25 novembre 2014 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaud Olivier :

Monsieur Pflimlin, vous affirmez dans le rapport d'exécution du COM pour 2013 que France Télévisions est restée l'espace privilégié du débat démocratique et citoyen, l'objectif constant du groupe étant l'information et le pluralisme. Il est pourtant un sujet qui lui échappe : celui du système prostitutionnel. J'avais déjà eu l'occasion de vous interpeller à propos de deux émissions sur la prostitution diffusées par France 2, qui proposaient une vision restrictive et partisane du phénomène. Le CSA vous avait également écrit au sujet d'une d'entre elles, Ce soir ou jamais, notant « le caractère complaisant de l'interview de M. Dominique Alderweireld » – dit Dodo la Saumure – « par M. Frédéric Taddeï et regrettant que l'animateur n'ait pas donné tous les éléments permettant d'assurer l'équilibre des points de vue ». Votre documentaire Putain, c'est pas simple, diffusé mardi 18 novembre, a affiché le même parti pris d'une vision idyllique et mensongère, mettant en vedette des intervenants connus pour demander clairement l'abrogation de nos lois réprimant le proxénétisme.

Une chaîne publique devrait au moins avoir l'honnêteté de laisser également s'exprimer celles et ceux qui présentent la prostitution comme ce qu'elle est : un rapport sexuel imposé par l'argent et subi pour des raisons économiques. Je vous demande à nouveau de donner la parole aux survivantes du système prostitutionnel, afin de créer les conditions d'un débat réaliste et équilibré et d'éclairer le plus objectivement possible les téléspectateurs et téléspectatrices sur cet important sujet de société. En effet, au-delà de la liberté de certains – surtout celle des proxénètes de gagner beaucoup d'argent –, la prostitution renvoie à la traite des êtres humains – femmes et enfants – à des fins d'exploitation sexuelle, à la dignité humaine bafouée, à la domination masculine et à la violence faite aux femmes. En ce jour de lutte internationale contre ce dernier fléau, il eût été heureux que la question fût abordée sous cet angle et non sous celui de la complaisance. Ce sujet – qui conditionne le regard de nos jeunes générations sur le respect mutuel et le refus de toute marchandisation du corps – mérite un peu de pédagogie ; alors que le Parlement s'apprête à se saisir à nouveau de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, la diffusion d'une émission de bonne tenue, évitant tout racolage, pourrait remplir ce rôle éducatif.

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