Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 10 décembre 2014 à 16h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Je laisse ce débat aux spécialistes ! Pour ma part, je m'exprimerai en tant que membre de la commission des affaires culturelles.

Comme nous vous avions auditionné en juin dernier, certaines de mes remarques ne vous étonneront probablement pas, monsieur le président-directeur général. S'agissant du chantier du numérique, le rapport d'exécution du COM pour 2013 fait état de progrès, et je connais votre engagement en la matière. Ce sont là des points très positifs. Néanmoins, je rappelle notre opposition à toute remise en cause de la gratuité de l'accès aux podcasts, ainsi qu'à la plateforme musicale RF8. À ce propos, avez-vous avancé sur le rapprochement entre RF8 et FIP, que vous aviez évoqué en juin dernier ?

Dans son avis sur le rapport d'exécution du COM pour 2013, le CSA regrette un manque de coopération entre Radio France et France Télévisions en matière de diffusion de concerts. Au sein de cette commission, nous sommes nombreux à souhaiter que l'enjeu de la coopération soit abordé à l'aune des potentialités offertes par le numérique : Radio France et France Télévisions doivent développer des offres numériques communes. Il est souvent question, notamment, d'une plateforme numérique dédiée à l'information avec France 24, France Info et RFI, chaque chaîne mettant ses spécificités au service de tous. Cette offre numérique commune et publique pourrait être une source d'enrichissement culturel, à condition que ce projet soit partagé par l'ensemble des équipes, c'est-à-dire tant par les salariés que par les directions.

Nous attendons toujours le rapport du CSA sur la radio numérique terrestre (RNT), qui constitue l'autre grand défi numérique pour Radio France. En faisant le parti de la RNT, vous pourriez résoudre les problèmes de maillage territorial de France Info ou de France Bleu. La RNT a aussi été identifiée comme un remède à la perte d'audience, car elle garantit partout une réelle qualité d'écoute. Lors de votre audition en juin dernier, vous aviez semblé plutôt réservé sur ces perspectives. Compte tenu des potentialités de la RNT et du contexte d'inflexion de l'audience, votre position a-t-elle évolué depuis lors ?

Concernant l'audience, justement, le vieillissement du public et l'éloignement des classes populaires sont deux phénomènes problématiques. Que comptez-vous faire pour inverser la tendance ?

À cet égard, nous sommes inquiets pour l'avenir du Mouv'. Les changements fréquents de ligne éditoriale ont probablement joué dans la détérioration constante de son audience. Aussi, même si je suis d'accord avec l'objectif de mieux cibler les jeunes, un nouveau bouleversement de sa grille en 2015 ne risque-t-il pas d'être contre-productif ? Cela dit, j'ignore quelles sont les bonnes solutions pour le Mouv'. De manière générale, il demeure nécessaire de clarifier les identités des différentes chaînes.

J'insiste sur l'importance de France Bleu. Vous connaissez l'attachement des écologistes aux identités régionales. Or les analyses du CSA sont inquiétantes – notons, au passage, que le Conseil regrette le manque de données lui permettant d'évaluer les gains en termes de volume d'antennes locales. Aussi, nous souhaiterions avoir l'assurance que France Bleu est vraiment à même de développer son réseau.

S'agissant du nouvel auditorium, vous avez récemment fait part de votre volonté de l'ouvrir à un public plus diversifié, tant du point de vue social qu'en termes d'âge, en proposant des concerts moins formels et à des tarifs plus attractifs. Vous avez aussi annoncé la création d'ateliers pédagogiques pour que les enfants se familiarisent avec la musique classique. Nous vous soutenons totalement dans cette démarche. Pourriez-vous préciser votre projet pour les ateliers pédagogiques ? Envisagez-vous des liens entre ces ateliers et les projets éducatifs territoriaux mis en place dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires ?

En matière de représentation de la diversité, l'obtention du label Diversité par Radio France en 2013 constitue une avancée. Néanmoins, les marges de progression restent grandes. J'ai bien pris note de la nomination de trois directrices de chaîne, que vous avez rappelée tout à l'heure, mais la présence des femmes à l'antenne et aux postes importants demeure insuffisante. Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes préconise de conditionner le versement des financements publics aux médias, aux éditeurs de manuels scolaires et aux communicants institutionnels – 4 milliards d'euros au total – au fait qu'ils luttent contre les clichés sexistes. D'autre part, je rappelle que l'obligation d'employer au moins 6 % de personnes en situation de handicap concerne aussi Radio France. Il n'est plus temps de tergiverser : le service public se doit d'être exemplaire en la matière !

Concernant les ressources humaines, pourriez-vous préciser les raisons pour lesquelles les négociations du nouvel accord collectif ont été interrompues ? La gestion des emplois précaires et des intermittents – je tiens à le répéter – requiert une attention particulière. Il convient de soulever la question de la « permittence » afin de trouver des réponses pérennes. J'y insiste : même si une gestion rigoureuse est nécessaire, il serait grave de penser que l'humain peut être la variable d'ajustement.

Enfin, nous nous interrogeons sur les dérapages importants du chantier de réhabilitation de la Maison de la radio. Quelles seront les répercussions financières du récent incendie ?

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