Intervention de Yves Durand

Réunion du 22 novembre 2012 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand :

Messieurs les présidents, je dois dire que vos interventions me laissent un sentiment de malaise.

Nous sommes tous conscients de l'importance de Sciences Po pour la France, sur le plan international, pour la formation des cadres de l'administration, et pour la vie politique de demain.

Mais, vous avez beaucoup parlé de quelqu'un qui est décédé, et qui ne peut donc pas se défendre. Il y a toujours de l'indécence à parler d'un mort, et il est un peu facile de prétendre que tous les problèmes de Sciences Po proviennent de la rémunération de Richard Descoings et de la « dérive » de ses derniers mois. J'ai moi aussi bien connu M. Descoings, car je présidais une mission parlementaire sur la réforme du lycée quand l'ancien Président de la République lui a confié une mission parallèle. Nous avons beaucoup travaillé ensemble, et j'ai pu apprécier son inventivité.

Quand on examine le rapport de la Cour, on s'aperçoit que ce qui est mis en cause, ce n'est pas seulement la rémunération de M. Descoings, mais tout un ensemble d'éléments, suffisamment graves pour que la Cour de discipline budgétaire et financière soit saisie – ce qui n'est pas anodin. Vous répondez que vous allez suivre les préconisations de la Cour. Encore heureux ! Avant même que le problème de la rémunération de Richard Descoings ne soit soulevé, il existait des signaux qui auraient dû alerter les présidents que vous êtes.

Il faut envisager une évolution de Sciences Po. Ce qui est en jeu, ce sont les rapports entre Sciences Po et l'État – ce que vous appelez « les pouvoirs publics », qui, soit dit en passant, ne sont pas systématiquement fautifs. Comment allez-vous répondre aux propositions de la ministre ?

Il faut ensuite réfléchir à la conduite de l'innovation pédagogique. Vous avez tous deux rendu un hommage chaleureux à l'action de Richard Descoings en direction des ZEP – qui a donné lieu à des débats, mais que, globalement, nous considérons comme positive. Comment cela peut-il s'inscrire dans le cadre d'un contrat avec l'État, qui est le financeur ?

Au-delà, il vous appartient, messieurs, de proposer des remèdes à la situation actuelle. Comment comptez-vous répondre à la dégradation du climat à Sciences Po – qui, depuis le mois de juin au moins, est délétère ? Je crains que le dernier conseil d'administration du 29 octobre ait accentué la coupure entre, d'un côté, les enseignants et les étudiants de Sciences Po et, de l'autre, la direction.

Pourquoi ne pas avoir, comme la ministre vous l'avait demandé, attendu la publication du rapport de la Cour des comptes avant de nommer le nouvel administrateur-directeur ? Cette décision n'a pas été favorable à l'apaisement, et nous venons d'apprendre que la ministre refusait de la valider – ce qui est une première. Comment allez-vous réagir à ce refus ?

Quelles mesures comptez-vous prendre, dans les jours et les heures qui viennent, pour que revienne la sérénité nécessaire au bon fonctionnement de l'institution dont vous avez la responsabilité ?

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