Intervention de Isabelle Attard

Réunion du 22 novembre 2012 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Attard :

La lecture du rapport de la Cour des comptes, messieurs les présidents, m'a également laissé une sensation très étrange. Sciences Po est-il une bulle au-dessus des lois ? J'ignore combien perçoivent les membres du conseil d'administration mais, s'ils ont laissé se développer de telles pratiques, le ver était dans le fruit : selon la Cour, « l'indemnité mensuelle du directeur ne repose sur aucun contrat formel et n'a pas été votée en conseil d'administration. » Plusieurs de mes collègues ont parlé du salaire de feu Richard Descoings, de l'auto-attribution de primes pour lui et son équipe d'encadrement, sans rapport avec ceux des établissements équivalents. Vous avez cité les universités étrangères, mais le président de Berkeley, qui compte 35 000 étudiants, a touché 396 760 dollars en 2010, M. Richard Descoings 537 246 euros – soit beaucoup plus en dollars.

La bulle encore : des cours, d'excellents cours, mais assurés à 93 % par des vacataires. Pourquoi, messieurs, ne pas aller jusqu'au bout de la logique, et supprimer carrément les professeurs qui représentent 80 % de la masse salariale ?

La bulle, toujours. Qu'y aurait-il eu de ridicule à soumettre au conseil d'administration l'attribution des logements de fonction ? Et comment voir dans la recommandation de la Cour des comptes de respecter le code des marchés publics la lubie d'une administration soviétique ?

La bulle Sciences Po est tellement éloignée de la planète Gouvernement qu'il n'a pas jugé utile d'établir un contrat d'objectifs et de moyens. Pourtant, Sciences Po n'est-il pas financé majoritairement par de l'argent public ?

L'absence de représentant des ministères des finances et de l'enseignement supérieur au conseil d'administration de la Fondation nationale de sciences politiques est-elle normale ? La ministre ne devrait pas tarder à apporter une réponse à ces questions en prenant des mesures. En outre, la Cour des comptes vient de demander des poursuites devant la Cour de discipline budgétaire et financière.

À l'heure où le Gouvernement veut mener une politique d'égalité des territoires, les moyens financiers dont dispose Sciences Po-Paris sont sans commune mesure avec ceux des IEP de province. Comment justifier que Sciences Po-Lille doive se contenter de 4 000 euros par étudiant quand Paris est doté de 13 000 euros, sinon par cette bulle qui protège Sciences Po-Paris ? Les autres IEP font pourtant de l'excellent travail, eux aussi envoient des étudiants à l'étranger, mais avec moins d'argent et surtout avec une gestion saine et dans un cadre légal. À destination des populations les plus défavorisées, je signale le programme d'études intégré – PEI – mis en place à Lille.

Messieurs les présidents, de deux choses l'une : soit le directeur adjoint Hervé Crès était complice des pratiques illégales du précédent directeur ; soit il n'a rien vu et il serait alors incompétent. Quoi qu'il en soit, il paraît nécessaire de procéder à un renouvellement du conseil d'administration de la FNSP et du comité de direction de l'IEP. On ne peut pas demander à ceux qui sont à l'origine des problèmes de les résoudre.

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