Intervention de Ary Chalus

Réunion du 13 mai 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAry Chalus :

Nous sommes aujourd'hui de nouveau amenés à définir les contours du paysage universitaire des départements français d'Amérique. Ce paysage a évolué sous l'impulsion d'une revendication guyanaise à laquelle le Gouvernement a fait droit sans aucune concertation préalable avec les parlementaires antillais.

Je rappelle encore une fois que le texte déposé au Sénat en décembre 2014 ne tirait pas toutes les conséquences du démantèlement de l'université des Antilles et de la Guyane (UAG), décidé fin 2013, alors même que la composante guyanaise de l'UAG devenait une université de plein exercice par décret à la fin de juillet 2014. Évidemment, privée de sa composante guyanaise, l'UAG ne pouvait espérer une amélioration de sa situation sans une refonte importante de son organisation.

Aujourd'hui, nous retrouvons en nouvelle lecture le texte débattu et voté par l'assemblée en février dernier après d'âpres discussions sur le modèle de gouvernance de l'université des Antilles.

Le texte initial, voté par le Sénat, vise principalement la continuité et la sécurité juridique, l'université des Antilles conservant la même personnalité juridique que l'UAG dans toutes ses dimensions, aussi bien en sa qualité d'employeur et d'ordonnateur que dans la délivrance des diplômes.

Parmi les avancées proposées, le texte clarifie les éléments constitutifs des pôles universitaires régionaux, afin de distinguer les services qui leur sont propres des services communs et de l'administration générale de l'université. Il répond ainsi à la nécessité d'acter l'autonomie des pôles universitaires dans les deux régions.

Mais les sénateurs ont, à mon sens, péché par excès dans leur tentative d'apporter une solution aux divergences qualifiées – à tort selon moi – d'identitaire. En voulant garantir la cohérence stratégique et l'unité de l'établissement par la mise en place d'un « ticket », ils sont revenus sur des dispositions qui correspondaient à la position exprimée par les élus des collectivités de Martinique et de Guadeloupe.

En juillet 2014, les élus antillais avaient expressément indiqué leur souhait de voir figurer dans le texte le principe d'élections libres des vice-présidents par les conseils de chaque pôle universitaire régional, afin que les pôles exercent pleinement leur autonomie dans le respect du projet global de l'université. Ce point est important : je souhaiterais que la Commission sécurise définitivement son application, pour consolider le climat de confiance indispensable à l'avenir de l'université.

Je déposerai, au besoin, un amendement pour permettre d'intégrer le patrimoine mobilier et immobilier de chacun des pôles dans les éléments à prendre en compte pour la répartition des moyens. À ce sujet, j'aimerais savoir si le renforcement des moyens de l'université de 750 000 euros annoncé par le Président de la République est appelé à être pérennisé.

Il ne tient qu'à nous de faire en sorte que cette refondation universitaire soit l'occasion de bâtir une réelle offre d'avenir pour notre jeunesse et de renforcer les moyens d'expertise de nos laboratoires.

J'entends les interrogations de certains collègues, mais j'aurais aimé qu'ils fassent preuve d'autant d'intérêt pour les autres enjeux qui concernent directement l'outre-mer. Vous l'avez dit, le taux de chômage des jeunes est de 60 % en Guadeloupe ; les difficultés liées à l'invasion des algues sargasses sont ignorées. J'aimerais que les parlementaires prennent sur ces sujets décisifs la défense des outre-mer avec la même énergie qu'aujourd'hui. J'aimerais aussi qu'on arrête de prendre toutes les décisions à Paris. À cet égard, je regrette que l'Agence de la biodiversité récemment créée soit installée en métropole, alors que la France possède le deuxième domaine maritime au monde, précisément grâce aux outre-mer.

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