Intervention de Thierry Tardy

Réunion du 1er juillet 2015 à 9h30
Commission des affaires européennes

Thierry Tardy, analyste senior à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne :

On a beau jeu de stigmatiser l'Union européenne mais je rappelle que, sur des sujets comme Ebola ou l'éventuel déploiement d'un GTUE en République Centrafricaine, le SEAE avait proposé que l'UE agisse, mais ses propositions ont été rejetées par les États membres… Il est important de souligner que le SEAE fait son travail.

Deuxièmement, si le constat selon lequel il est nécessaire d'agir contre les menaces, notamment au plan européen, fait ici l'objet d'un certain consensus, il faut savoir que ce constat n'est pas partagé par tous les États membres. À la question « comment doivent être gérés nos problèmes de sécurité ? », Varsovie ou Riga ne répondent pas « par l'Union européenne ». Ce que l'on considère comme évident à Paris ne l'est pas dans d'autres capitales.

Troisièmement, je suis très favorable, malgré les risques que cela comporte, à une révision de la politique européenne de sécurité et à l'élaboration d'un nouveau document, car cela permettrait de débattre, d'analyser les menaces et de forger éventuellement une politique étrangère commune. Mais ce n'est pas en écrivant noir sur blanc dans ce nouveau document que la Russie est une menace pour l'Europe que la politique française à l'égard de ce pays changera. De même, ce n'est pas en écrivant que l'immigration illégale est une menace pour l'Europe que les pays baltes seront partants pour une opération de gestion de crise destinée à répondre à cette menace. Il ne faut pas surestimer la valeur d'un tel document.

Quatrièmement, je ne crois pas à l'européanisation de l'OTAN. Outre qu'il s'agit d'une vieille antienne, le problème fondamental, me semble-t-il, tient moins aux structures qu'à la propension à agir. Retirons les États-Unis de l'OTAN et l'Alliance tombera dans la même inertie que l'Union européenne.

Enfin, je veux dire avec force que la quasi-totalité des opérations PSDC, militaires et civiles, sont vouées à la prévention des conflits, dans la mesure où les actions qui visent à consolider la paix et à solidifier les forces armées au Mali ou au Niger sont aussi destinées à prévenir un retour du conflit.

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