Intervention de Jean-Noël Carpentier

Réunion du 8 juillet 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

À mon tour de féliciter la présidente, le rapporteur et l'ensemble des membres de la mission pour le travail effectué ! Ce rapport est utile, car il confirme les difficultés rencontrées par notre système et propose des pistes intéressantes. J'espère qu'il sera suivi d'effet et qu'il ne viendra pas simplement encombrer les placards de l'Assemblée nationale…

Il y a urgence à agir, et le rapport emploie d'ailleurs le terme d'« urgence nationale » en constatant le fossé toujours plus profond entre un nombre croissant d'étudiants et un taux d'échec en licence trop élevé. Vous parlez même, monsieur le rapporteur, de « gâchis humain ». C'est bien le cas pour des dizaines de milliers de jeunes, alors même que, pour notre majorité, la priorité est à la jeunesse.

Il nous faut donc procéder à des réformes afin que notre système permette la réussite de tous nos jeunes. Pour ce faire, il faut changer les mentalités ; l'école de la République, de la maternelle à l'université, doit se défaire d'une vision trop élitiste, hypersélective ainsi que le reconnaît l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Tri », « écrémage », « orientation subie », « inégalité » : ces vocables ne nous sont que trop familiers, et appellent des corrections. La réforme Peillon s'y était attaquée pour le primaire, nous tentons de le faire pour le secondaire, il faut le faire aussi pour l'enseignement supérieur.

Le rapport comporte 33 propositions d'inégale importance. Pour ma part, je dirai la grande satisfaction que m'apporte la conception individuelle des parcours. C'est cette voie qui nous permettra de tendre vers la réussite pour tous, car c'est le système qui doit s'adapter aux jeunes et non l'inverse. Je me félicite particulièrement de la proposition n° 7, qui vise à redynamiser le suivi individualisé.

Je tiens à souligner l'intérêt d'une démarche de rupture avec les filières ; un système plus modulaire permettra une organisation plus horizontale, susceptible de réduire les inégalités et d'offrir aux étudiants un parcours mieux adapté. Nous casserons ainsi cette conception qui oppose des filières dites « nobles » à des filières qualifiées de « poubelles ».

Je me félicite également de la proposition de rénovation des méthodes pédagogiques de l'enseignement secondaire, indispensable à l'individualisation des parcours dans l'enseignement supérieur, qui sera facteur de démocratisation et permettra au système de s'adapter à l'étudiant. Cela exige des moyens, et, peut-être, une autre conception de l'enseignant-chercheur. Oui, il faut plus de pédagogie dans l'enseignement supérieur ; or, à cet égard, la France est en retard.

Je partage aussi l'idée que les jeunes doivent être mieux orientés. Ni l'orientation par défaut ni l'orientation « punitive » ne peuvent être le fondement de notre système, car elles sont antidémocratiques. Les jeunes doivent être en situation de bien comprendre les tenants et aboutissants de leur orientation. L'ensemble du cursus doit être plus lisible et plus transparent, et je suis heureux de constater que le rapport rejette l'idée de sélection à l'entrée de l'enseignement supérieur.

Enfin, vous avez su, monsieur le rapporteur, évoquer sans susciter de ricanements le « droit à l'erreur », et vous avez eu raison, car il faut permettre au jeune qui a fait un mauvais choix de départ de changer de voie.

Je n'ai qu'un regret, qui a trait à la question sociale, car les étudiants sont en proie, au quotidien, à de véritables difficultés matérielles. Il est vrai que ce n'était pas l'objet de la mission d'information, mais cette situation contribue, elle aussi, à l'échec de nombreux étudiants ; quelques propositions à ce sujet auraient été bienvenues.

Je conclurai sur le baccalauréat : vous le qualifiez de coûteux, stressant et inadapté, et proposez de le réformer. Ne pensez-vous pas qu'un large débat sur ce sujet serait propice à une réflexion collective sur les finalités de l'école et de l'apprentissage, ainsi que sur le poids excessif – et constaté par tous – du diplôme ?

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