Intervention de Isabelle Attard

Réunion du 8 juillet 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Attard :

Une des problématiques choisies par la mission portait sur la façon de poursuivre le mouvement de massification des études supérieures. Plusieurs de mes collègues sont intervenus pour parler de l'objectif de ces formations, c'est-à-dire trouver du travail.

À cet effet, je voudrais vous faire réagir à un extrait d'un entretien de Franck Lepage, dans la revue Ballast, que j'ai jugé extrêmement pertinent. Je le cite : « Le fait de hausser le niveau des gens ne sert à rien, s'il n'y a pas en face la structure d'emploi pour accueillir ces compétences. Et, aujourd'hui, le problème se situe du côté du marché du travail. Le problème est que ce que l'on appelle pudiquement ‟marché du travail” délocalise toute la production à l'étranger – et donc tous les emplois qualifiés. Il ne reste plus que les emplois sans aucune qualification, pour lesquels il n'y a même pas besoin d'aller à l'école, ou les emplois extrêmement qualifiés. On garde les ingénieurs en recherche et développement par stratégie politique parce qu'on veut garder ‟l'intelligence” ici et on garde certains emplois non qualifiés (qui sont de toutes façons non dé localisables), mais tout ce qu'il y a entre les deux, on le dégage ! On voit d'ailleurs que l'école qualifie très bien des gens, mais que le marché du travail est absent – et de plus en plus absent ! Le problème n'est pas du côté de l'école. Je trouve très éclairante la statistique selon laquelle un bachelier d'aujourd'hui a le niveau d'instruction d'un ingénieur de 1953 : il y a un immense saut qualitatif qui a été réalisé. Quand je travaillais en foyer de jeunes travailleurs, des électriciens me disaient qu'ils savaient ce qu'étaient des électrons et comment ils fonctionnaient, mais qu'on ne leur proposait comme emploi que d'aller changer des ampoules chez Carrefour. Ils se demandaient pourquoi on leur avait appris cela puisqu'ils ne pouvaient pas s'en servir... »

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