Intervention de Patrick Lebreton

Réunion du 8 juillet 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Lebreton :

Ce rapport me donne l'occasion d'exprimer une inquiétude sur la situation de l'enseignement supérieur outre-mer, et particulièrement à La Réunion. Je souligne le fait que je m'exprime le lendemain même des résultats du baccalauréat.

Le classement annuel établi par le ministère de l'enseignement supérieur fait apparaître dans sa publication 2014 un niveau très inquiétant. L'université des Antilles et de la Guyane est soixante-septième sur soixante-dix-sept établissements, tandis que celle de La Réunion est soixante-quatorzième. Le taux de réussite des étudiants en fin de première année de licence est de 20 % à peine à l'université de La Réunion quand le taux national est de 40 %. Dans le même temps, le pourcentage des étudiants qui quittent l'université en fin de première année est de 38,9 %, contre 30 % au niveau national.

L'inquiétude s'accroît, d'autant que ce classement n'est pas seulement fondé sur les performances brutes, mais qu'il tient compte de la valeur ajoutée en fonction de l'origine sociale des étudiants. Les étudiants ultramarins, et notamment les étudiants réunionnais, qui réussissent le même baccalauréat que leurs homologues de l'Hexagone, risquent donc très fortement l'échec s'ils poursuivent dans l'université locale.

Ma réaction première, s'il n'y a pas prise de conscience de l'université, est que les étudiants vont aller dans le mur. Or comme vous le savez, le défi de notre territoire est de former davantage sa jeunesse pour que se constitue, comme dans n'importe quel autre territoire de l'Hexagone, une véritable élite locale en capacité de développer notre pays et son économie. L'échec des universités ultramarines est la première marche vers l'exclusion sociale que subissent massivement nos compatriotes. Le taux de chômage à La Réunion avoisine ainsi les 40 % dans bien des communes.

Les auditions ou les analyses que vous avez conduites vous ont-elles permis de noter une singularité de l'enseignement universitaire dans les outre-mer ? Ou bien cet échec trouve-t-il son origine dans les spécificités de l'enseignement secondaire local ? Au-delà, seriez-vous en mesure de nous fournir des préconisations opérationnelles et efficaces ?

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