Intervention de Harlem Désir

Réunion du 30 juin 2015 à 16h30
Commission des affaires européennes

Harlem Désir, secrétaire d'état aux affaires européennes, auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international :

Nous voyons bien que l'Europe est prise entre le besoin d'une coopération plus forte, nécessaire à la réalisation d'un projet de société et de civilisation qui se fonde sur la paix, sur la démocratie, sur le respect de la vie humaine, sur la coopération entre les continents et sur la sécurité, et des mouvements qui poussent à sa fragmentation et à la recherche de solutions purement nationales ou au refus de la solidarité qu'impliquent des politiques menées en commun.

Qu'il s'agisse de l'Ukraine et de la Russie, de la menace terroriste en Irak ou en Syrie ou de la situation en Libye, nous constatons ce besoin d'agir ensemble. Il ne saurait en effet y avoir de réponse au défi migratoire sans réponse au défi du développement et sans grande politique africaine et méditerranéenne. Les citoyens attendent au demeurant de l'Europe qu'elle soit source de croissance, d'innovation et de cohésion territoriale. L'exemple du numérique est parlant : il ne saurait être traité que par la loi du marché, tandis que les États membres ne peuvent pas non plus agir en ce domaine de vingt-huit manières disjointes.

Il en va de même de l'énergie : la sécurité d'approvisionnement ne saurait être assurée de cette façon, non plus que la transition énergétique. Je pourrais citer aussi la fiscalité des multinationales qui s'acquittent de leurs impôts dans l'État membre où les taux de prélèvement sont les plus bas, alors qu'elles opèrent dans toute l'Union européenne. Sur chacun de ces sujets, nous butons néanmoins sur des États membres qui veulent bénéficier des avantages de l'Europe sans devoir témoigner de solidarité. La Commission européenne, qui s'est qualifiée elle-même de Commission de la dernière chance, se trouve en face de grands défis. Les Conseils européens deviennent difficiles, car nous devons prendre des décisions conduisant à la mise en oeuvre de politiques communes.

En matière d'immigration, elles sont indispensables pour protéger nos frontières, pour sauver des vies humaines ou pour répondre aux besoins de la transition démocratique, comme en Tunisie. Les ministres de l'Intérieur allemand, britannique et français s'y sont rendus ensemble pour que la solidarité qui est manifestée à ce pays ne soit pas seulement ponctuelle, alors que l'organisation étatique de son voisin libyen s'est effondrée. Sans le tourisme et la stabilité économique, la transition démocratique tunisienne ne pourra aboutir, alors qu'une constitution laïque est déjà adoptée, qui y garantit l'égalité entre les hommes et les femmes tout comme la liberté de conscience. Mais je pourrais également parler du Niger, pays de transit de ces filières de trafic d'êtres humains.

À tous ces problèmes, nous devons apporter des réponses communes. Tel est le sens de l'action internationale de la France. Aussi puis-je vous dire, monsieur Myard, que l'absence d'Europe serait un cauchemar. En France, l'union monétaire nous a épargné la spéculation sur les changes, comme en 1993, la dévaluation compétitive, source de distorsions de concurrence, car la monnaie unique apporte une protection. Elle est au demeurant la deuxième monnaie de réserve mondiale et permet aux entreprises d'opérer sur un marché intégré.

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