Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 19 décembre 2012 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

L'absentéisme, qui débute dès l'école primaire et s'amplifie avec l'âge, est souvent lié au décrochage scolaire. À l'heure où le chômage renforce la compétition entre les candidats et où la course aux diplômes reste de mise, il compromet l'entrée dans le monde du travail, voire l'insertion dans la société. Il est donc logique que la majorité souhaite le combattre.

La première étape est d'abroger une disposition qui aggrave le phénomène au lieu de le combattre. En sanctionnant la famille des jeunes en difficulté, la « loi Ciotti » pénalise les plus fragiles. Au lieu de s'attaquer aux difficultés d'apprentissage – redoublement, orientation non choisie, évaluation par la notation qui décourage les élèves en difficulté – ou aux problèmes sociaux et familiaux à l'origine du problème – chômage, rupture, violence, conflit –, elle accroît la précarité des familles en difficulté. L'ancienne majorité a fait de la lutte contre l'absentéisme un instrument de prévention de la délinquance, au lieu de l'inscrire dans une politique éducative. Je me réjouis qu'on nous propose d'abroger une loi qui s'est avérée inefficace et socialement injuste.

Reste à mettre en place une politique éducative et sociale pour lutter contre l'absentéisme et l'échec scolaire. La refondation de l'école doit être ambitieuse. S'il faut d'abord revoir les rythmes scolaires, il faut aussi repenser notre système d'évaluation et de notation, qui prône la compétition, et faire de l'élève un acteur de l'orientation. La pédagogie doit remettre l'enfant au coeur des préoccupations. L'école doit s'ouvrir sur l'extérieur, en multipliant les liens avec les acteurs associatifs locaux, les artistes, les collectivités et les parents. Ces derniers ne seront plus des observateurs extérieurs. La lutte contre l'absentéisme et l'échec scolaire passe par leur implication. Nous demandons d'ailleurs la création d'un statut de parents délégués.

Nous soutenons l'abrogation de la « loi Ciotti », ainsi que la nouvelle approche du gouvernement, globale et ambitieuse, qui doit favoriser l'accompagnement personnalisé des élèves en difficulté. Chacun doit trouver sa place à l'école, qui ne doit plus être un lieu d'exclusion.

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