Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 15 décembre 2015 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Permettez-moi tout d'abord de vous féliciter, monsieur le rapporteur, pour l'acuité de votre rapport, non seulement clair mais lucide. Vous avez su faire part de vos inquiétudes quant aux marges de manoeuvre réduites de l'AEFE, confrontée à des frais lourds que l'État ne peut à l'évidence soutenir au plus haut niveau, comme l'examen du projet de loi de finances est venu le confirmer.

Nul ne remet en cause le rayonnement culturel dont jouit notre pays grâce à la qualité de l'enseignement français à l'étranger et aux actions des 494 établissements du réseau, qui accueillent plus de 205 000 élèves étrangers et près de 124 000 élèves français dans 135 pays. Les résultats scolaires sont excellents, cela ne fait aucun doute. Cependant, le choix de l'agence de multiplier les missions pourrait les compromettre.

Son positionnement peut en effet parfois surprendre. D'un côté, il est marqué par une volonté de rayonnement, par la concentration des moyens à destination d'établissements conventionnés. C'est ainsi que les frais de scolarité en augmentation peuvent sanctionner les publics les moins favorisés. De l'autre, il est caractérisé par une politique de service public où l'accent est mis sur les filières bilingues. Ces dernières favorisent, bien évidemment, le développement à l'étranger de la langue française, vecteur de rayonnement, plus proche des valeurs humaines et d'égalité, plus proche également des nouveaux publics, dans le respect du principe de mixité sociale, lequel ne devrait pas se déliter.

Comment parvenir à financer dans de bonnes conditions à la fois l'enseignement du français aux élèves étrangers et la scolarisation des enfants des Français de l'étranger en se coupant d'une partie des ressources propres présentes dans le COM ? Comment maintenir l'excellence de l'enseignement quand la baisse des budgets – le projet de loi de finances pour 2016 prévoit la suppression de 27 postes d'expatriés et de 55 postes de résidents – risque de provoquer la fuite des meilleurs éléments ?

Si le souci de qualité de l'enseignement prévaut, la question financière reste au centre du projet de COM. Comment faire aussi bien sinon mieux avec moins d'argent avec un parc immobilier nécessitant parfois de lourds réaménagements ? À cet égard, je vous rejoins, monsieur le rapporteur, lorsque vous préconisez de faire intervenir la Banque européenne d'investissement pour des projets situés en Europe. Les ressources publiques auront subi une baisse de près de 30 millions d'euros depuis 2010. L'équilibre est bien difficile à trouver entre des subventions publiques qui n'augmenteront pas, des ressources propres qui peinent à affluer et une demande toujours plus importante du fait de l'attractivité du réseau, confronté à une concurrence accrue.

La solution, vous le soulignez, réside dans la cohérence.

Premièrement, il importe de l'instaurer dans le réseau des établissements en gestion directe, conventionnés et partenaires pour permettre un meilleur pilotage et une pleine efficience des actions menées. Il en va de la réalisation de l'objectif stratégique du COM, à savoir l'optimisation des ressources de l'agence.

Deuxièmement, la cohérence doit prévaloir dans l'offre proposée à destination des publics. Les passerelles entre le FLAM, l'école bilingue et le lycée français devraient être renforcées. Vous insistez, monsieur le rapporteur, sur une déclinaison par zone géographique. Pourriez-vous être plus précis ? Ne craignez-vous pas que cette sectorisation n'aboutisse à un enseignement français à plusieurs vitesses selon les régions ?

Je voudrais, pour finir, insister sur l'un des objectifs mis avant par le COM, à savoir le redéploiement des moyens à destination des zones prioritaires que sont les pays émergents asiatiques, les pays du Golfe et les pays de l'espace francophone, et qui sont pour la période 2016-2018 très modestes.

Les problématiques liées au développement de l'AEFE sont complexes, reconnaissons-le. Cependant, il apparaît nécessaire de ne pas saupoudrer le budget à travers une multiplication de labels et de partenariats. Il importe de faire des choix. En cela, je rejoins entièrement les conclusions du rapport. Gardons à l'esprit le risque de voir émerger une politique à deux vitesses au sein même de l'AEFE, ce qui serait contre-productif pour l'enseignement même et pour notre diplomatie d'influence.

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