Intervention de Marc Le Fur

Réunion du 16 décembre 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

Je félicite, à mon tour, M. le rapporteur pour son travail qui donne un tour concret à la révision constitutionnelle de 2008. Le risque, néanmoins, demeure toujours le même : tout le monde n'accorde pas une égale importance à la question des langues régionales. Certains, moins directement concernés, posent le débat en termes de principes avant tout, tandis qu'il faut au contraire, selon moi, le poser en termes concrets, comme l'a fait notre rapporteur. Pour les rassurer, je précise que les cursus comprenant des enseignements en langues régionales, même très immersifs, produisent d'excellents résultats généraux. Le lycée de Carhaix en est un exemple emblématique : certains jeunes y ont effectué toute leur scolarité dans des classes d'immersion et obtiennent d'excellents résultats – y compris en anglais.

Il n'y a donc aucune opposition de principe entre immersion et réussite. Veillons toutefois à ce que ce texte, paradoxalement, ne se traduise pas par la mise en cause de dispositifs existants. L'enseignement en immersion existe. En l'espèce, il ne s'agit évidemment pas de donner un monopole au breton ou à quelque langue régionale que ce soit, mais de permettre que l'enseignement de certaines disciplines – mathématiques ou géographie, par exemple – se fasse en langue régionale, et que la vie scolaire en dehors de la classe – à la cantine, par exemple – puisse se dérouler dans cette langue. Ce sujet est d'autant plus important que les nouvelles concernant la réforme des collèges sont mauvaises.

J'espère que le point de vue de notre rapporteur sur l'enseignement catholique évoluera. En effet, dans la région qu'il connaît bien, trois réseaux favorisent l'enseignement du breton : le réseau associatif, le réseau public et le réseau de l'enseignement catholique.

Autre point : la plupart des routes concernées sont désormais dotées d'une signalétique bilingue, mais il reste quelques lacunes sur les routes nationales et dans les gares. Nous sommes nombreux à souhaiter que les gares adoptent, à l'occasion de leurs travaux de rénovation, une signalétique comparable à celle des routes. J'espère que cette proposition de loi y contribuera.

Se pose aussi la question des locaux. Un projet de deuxième lycée Diwan est envisagé à Vannes, mais l'association ne parviendra pas à l'implanter seule. Que peut-on faire ? En quoi la proposition de loi qui nous est soumise règle-t-elle ces importantes difficultés budgétaires auxquelles est confronté, de manière générale, l'enseignement bilingue associatif dans notre pays ?

J'insiste enfin sur l'importance des propositions de M. le rapporteur dans une région comme la Bretagne qui, à la différence du Pays basque et de l'Alsace, n'est pas adossée à un vaste hinterland linguistique. La transmission familiale du breton se perd, car la dernière génération qui en est capable a quarante ans environ ; le débat sur la transmission scolaire n'en est que plus important. En tout état de cause, le réseau qui pratique déjà l'enseignement du breton par immersion doit poursuivre son développement car, ce faisant, il n'est évidemment pas question de s'opposer d'une quelconque manière à la République et à la langue française.

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