Intervention de Henri Jibrayel

Réunion du 19 janvier 2016 à 16h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Jibrayel :

Une plateforme commune est en effet en cours d'élaboration. L'ensemble des organisations syndicales en seront signataires, à l'exception de la CFDT. Les syndicats se mobilisent donc. Après avoir d'abord été réticents à l'égard du droit d'option, ils sont aujourd'hui enclins à l'envisager, à condition que soit prévue, par exemple, une promotion immédiate, qui ne soit pas aléatoire. Ils sont donc prêts à s'asseoir à la table des négociations, mais je ne suis pas sûr que la négociation puisse aboutir, car, si on ne leur fait miroiter qu'une promotion au terme de leur carrière — et même si j'ai foi en la parole de la DRH de La Poste qui affirme qu'il y en aura certainement une —, cela ne sera pas intéressant pour les agents reclassés.

De 1993 au décret du 14 décembre 2009 qui a relancé tardivement la promotion des reclassés, la carrière de ces derniers n'a pas évolué. Pendant toutes ces années, en raison d'une politique à deux vitesses, ils ont subi une injustice sur le plan de l'avancement. Ils demandaient aussi, comme l'a rappelé Mme Catherine Troallic, qu'on reconnaisse simplement leur travail : cette revendication aurait pu être satisfaite, d'autant plus qu'elle n'emportait pas de conséquences pécuniaires.

Le cabinet de M. Emmanuel Macron et le ministre lui-même ne veulent pas interférer dans cette affaire, car ce ne serait pas loyal vis-à-vis de l'autre partie du personnel. Le Gouvernement ne peut pas se substituer à l'entreprise pour y organiser le dialogue social ; tout ce qu'il peut faire, c'est se déclarer prêt à être partenaire du groupe s'il faut prendre un décret, accompagner La Poste et les organisations syndicales dans ce dialogue.

Je l'ai dit tout à l'heure, il faut que La Poste apporte des éléments plus précis, que les organisations syndicales et les personnels soient rassurés et qu'ils aient une promotion immédiate. Il ne faut pas oublier que, même s'ils ont fait un choix délibéré en 1993, ces agents sont victimes d'une injustice. Certes, comme le disait Mme Catherine Troallic, ce n'est pas seulement une question d'argent. Il n'en reste pas moins que, comme les autres, ils ont des familles à nourrir et qu'ils ont subi une perte pécuniaire.

J'appelle donc La Poste à être plus percutante et à faire un effort. M. Philippe Wahl prétend que l'accord syndical auquel on était parvenu est remis en cause. Mais cet accord syndical n'a rien à voir avec la situation des reclassés, puisqu'il porte sur la revalorisation de la grille indiciaire des reclassés comme des reclassifiés. Nous avions tous interpellé M. Philippe Wahl à ce sujet lors de l'audition précédant sa première nomination en septembre 2013 : il avait répondu que La Poste essaierait de voir ce qu'il était possible de faire au cas par cas. Aujourd'hui, le groupe penche plutôt pour une solution globale, mais cela ne débouche pour l'instant sur rien de concret.

Nous devons à nouveau rencontrer les organisations syndicales. Je ne vous cache pas qu'elles ont eu envie, cet automne, de venir manifester pacifiquement devant l'Assemblée pour nous rappeler que ces agents étaient victimes d'une injustice. Je leur ai demandé d'attendre un peu, puisque nous étions en train de débattre de la question avec le groupe La Poste et le ministre de l'économie. L'injustice n'étant pas réparée, il va falloir continuer nos travaux.

La Poste nous avait demandé de ne pas communiquer au lendemain des auditions, pour ne pas interférer avec les élections professionnelles. Puis il y a eu les événements du 13 novembre 2015 et les fêtes de fin d'année. Aujourd'hui, nous ne faisons qu'un bilan d'étape, car nous n'avons pas obtenu gain de cause pour les reclassés. Il nous faudra, dans les semaines à venir, rencontrer à nouveau les organisations syndicales et la DRH de La Poste, voire son président, pour faire avancer les choses et que justice soit enfin faite.

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