Intervention de Hervé Féron

Réunion du 3 février 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Monsieur l'ambassadeur, si c'est avec grand regret que nous vous avons vu quitter la direction de France Culture, nous sommes aujourd'hui heureux de vous retrouver à la tête de cette belle mission, qui semble avoir été taillée sur mesure pour l'amateur d'art et l'homme de culture que vous êtes.

Quel beau projet que ce Grand Tour ! J'ai d'emblée envie de vous demander si vous étudiez encore des candidatures de villes…

Alors que ressurgit dans le débat public le mirage de l'identité nationale et que certains cherchent encore à définir ce qu'est être français, il est une évidence qui doit nous rassembler : le fait que la culture, plus qu'une force qui grandit la France, est constitutive de son identité et lui donne ses attraits. C'est en effet une force que d'offrir une éducation et un environnement artistiques de qualité à l'ensemble de nos compatriotes ; c'en est une autre d'accueillir sur notre sol des artistes et cultures du monde entier, parfois personae non gratae ailleurs dans le monde. J'aurai ici une pensée pour Leila Alaoui, jeune artiste marocaine dont les oeuvres étaient exposées à la Maison européenne de la photographie quand elle a été assassinée lors de l'attaque terroriste de Ouagadougou il y a deux semaines à peine.

Non seulement la culture est constitutive de notre identité aux yeux du monde mais elle génère des profits croissants et engendre des investissements importants. C'est un aspect encore occulté dans le débat public, à tel point que l'on est souvent obligé de rappeler que le monde de la culture compte deux fois plus d'employés que celui de l'automobile. Nous nous souvenons des polémiques lancées pour menacer le statut d'intermittent du spectacle, qui selon certains, coûtait trop cher et rapportait trop peu. Il n'en est rien, nous le savons. À l'occasion des septièmes rencontres nationales « Culture et Innovation » le 15 janvier dernier, le cabinet Ernst & Young nous a ainsi appris que ce secteur, qui employait 1,5 million de personnes, avait généré 83,6 milliards d'euros de revenus en 2013. Il faut garder à l'esprit combien la contribution de nos industries culturelles et créatives est importante, que ce soit en termes d'emploi, en pourcentage de PIB ou d'export à l'international de nos entreprises musicales, cinématographiques et éditoriales.

Cela a été fréquemment répété ici : la francophonie est un atout sur lequel nous devons nous appuyer pour développer encore davantage notre influence culturelle en Afrique mais aussi dans d'autres parties du globe. La Chine, le sait-on, est le pays où il y a le plus de personnes qui apprennent le français.

Si la culture constitue un atout politique et géopolitique majeur, c'est également un levier de développement pour les territoires. La moitié des touristes viennent en France pour des raisons liées à la culture, la gastronomie, l'art de vie, aux paysages et aux monuments mais peu d'entre eux investissent nos festivals dont la renommée reste encore bornée à l'échelle nationale.

À l'heure où se prépare le dossier de candidature de la France à l'Exposition universelle de 2025, il convient d'insister sur la richesse touristique de nos territoires, métropoles et régions, avec nos sites et paysages classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, nos monuments, nos infrastructures culturelles et nos musées. Jack Lang n'a-t-il pas déclaré : « Notre pays a la chance extraordinaire d'être un manuel d'histoire de l'art et de l'architecture à ciel ouvert. Nul besoin d'effacer des pages pour écrire un nouveau chapitre. »

Avec d'autres collègues de cette commission, j'ai participé à la mission d'information visant à étudier la faisabilité de la candidature de la France à l'exposition universelle en 2025. Comment le Grand Tour s'articulera-t-il avec cette démarche ?

La réflexion sur la culture comme atout économique et levier de développement au coeur du territoire sera au centre du forum « France, made in culture » le 9 mars prochain mais il convient de ne pas négliger le numérique comme atout pour l'attractivité culturelle. Celle-ci peut être décuplée par cet outil qui permet de faire surgir la culture partout et à chaque instant, notamment dans les lieux publics. Pouvez-vous me dire quel rôle est réservé au numérique dans le Grand Tour ?

Enfin, pouvez-vous nous expliquer en quoi il est susceptible de s'inscrire dans les suites de la COP21 ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion