Intervention de Dr Emmanuel Ohrant

Réunion du 10 février 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Dr Emmanuel Ohrant, responsable médical à l'Olympique Lyonnais :

'Association des médecins de clubs de foot professionnel, dont je suis le président, est le relais entre les médecins de clubs et les instances nationales que sont la Fédération nationale de football et la Ligue de football professionnel, via la Commission médicale fédérale. Notre rôle est d'assurer le suivi médical du joueur de football professionnel, prévu par le code de la santé publique. Le ministère des sports l'a complété par le décret n° 2004-120 du 6 février 2004 sur la promotion des activités physiques et sportives et sur le suivi du sportif de haut niveau. Cette surveillance médicale a été reprise et intégrée au règlement de la Ligue de football professionnel, à l'article 116.

Les clubs de ligue 1 et de ligue 2 sont tenus d'assurer le suivi médical des joueurs professionnels, tant sur le plan biologique et cardiologique, que traumatologique. Des protocoles sont définis par l'Association des médecins de clubs en lien avec les groupes d'experts de la commission médicale fédérale. En cas de non application de ce suivi, des sanctions sont prévues par ce même règlement.

La Ligue de football professionnel prend en charge la remontée et le traitement des informations de façon anonyme. Ces données sont utilisées au niveau national pour dresser un bilan du suivi médical de haut niveau. L'Association des médecins de clubs de foot professionnel utilise ces résultats et met en place des études épidémiologiques permettant d'avoir un profil physiologique, biologique et cardiologique des footballeurs professionnels.

Nous nous assurons du consentement éclairé du sportif pour ce suivi et l'utilisation à des fins scientifiques des données. Depuis 2010, ces dernières sont analysées par le médecin fédéral national, le professeur Pierre Rochecongar. Devant toute anomalie, il est demandé un avis aux experts de la commission médicale nationale : le professeur Le Bouc pour l'endocrinologie, le professeur Audrain pour l'hématologie et le professeur Aliot pour la cardiologie. Ces résultats sont alors présentés par le médecin fédéral national à la Ligue de football professionnel et à la Fédération française de football. Le médecin de club dispose ainsi des données épidémiologiques concernant chaque joueur dont il a la responsabilité. Ces validations à différents étages permettent de s'assurer de l'intégrité physiologique du sportif.

L'Association des médecins de clubs de foot professionnel est garante, auprès de la Ligue de football professionnel, du respect du suivi médical, mais elle assure également une formation médicale continue, tout au long de l'année, lors des rassemblements. Ce fort investissement de tous les médecins nous permet de garder un niveau de qualité dans le domaine de la prévention et du traitement. Notre présence quotidienne auprès du sportif, notre formation obligatoire incluant les aspects médico-légaux, et notre indépendance totale sont un gage de sécurité. Nous savons tous que la prévention est la première arme légale contre le dopage.

Depuis 2004, l'Agence mondiale antidopage, en vertu du code mondial antidopage, a harmonisé les règles, le règlement et la politique antidopage dans le monde entier. L'AMA publie la liste des interdictions au 1er janvier de chaque année.

Dans le football, il existe une complète harmonie. L'UEFA (l'Union des associations européennes de football), la Fédération française de football et la Ligue de football professionnel reprennent intégralement ce code antidopage. Dans le football français, la lutte contre le dopage s'effectue à plusieurs niveaux. Outre par l'AFLD, les clubs inscrits dans les compétitions européennes sont contrôlés par l'UEFA, lors des compétitions, mais aussi à l'entraînement hors compétition. En 2014, l'AFLD a réalisé 778 contrôles urinaires dans le football, soit 9 % de tous les contrôles. Il s'agit du quatrième sport le plus contrôlé après le cyclisme, l'athlétisme et le rugby. Aucun footballeur n'a été détecté positif sur le territoire français durant une compétition nationale.

Les médecins de clubs jouent un rôle de prévention et d'information vis-à-vis du dopage. Il est essentiel que le joueur soit averti qu'il est de sa responsabilité de s'assurer qu'aucune substance interdite ne pénètre dans son organisme. Nous avons organisé, dans le football professionnel, un double contrôle des données biologiques de chaque joueur : un suivi local par le médecin de club et un suivi national lors des remontées anonymes. Dans ce cadre, le médecin fédéral national transmet au médecin de club les anomalies détectées. Le médecin de club a alors un rôle essentiel : il doit s'assurer que les résultats sont compatibles avec la pratique de l'activité physique, mais il doit aussi éliminer toute suspicion de dopage.

Enfin, si l'article L. 1110-4 du code de la santé publique protège le secret médical pour tout individu, il existe une dérogation dans le cadre de la lutte anti-dopage, et la loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage fait obligation au médecin de déclarer le dopage d'un sportif.

En conclusion, au sein du football professionnel français, chaque joueur a la garantie que tout est mis en oeuvre pour lui permettre l'exercice de son métier avec le maximum de sécurité physique et mentale, et selon les règles de l'Agence mondiale antidopage.

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