Intervention de Brigitte Bourguignon

Réunion du 10 février 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Bourguignon :

Messieurs, vos interventions nous rappellent que la lutte contre le dopage est un combat incessant et complexe. Le « toujours plus haut, toujours plus fort » a ses revers. Trop d'affaires révélées a posteriori détruisent l'image du sport. Les médailles retirées nous font douter de la sincérité des résultats et gâchent la fête. Trop de jeunes champions en devenir sont tentés et ont accès trop facilement, trop rapidement à des produits parfois sophistiqués. Sans doute sont-ils insuffisamment informés des risques de ces substances pour leur santé, et les dégâts physiques en sortie de carrière sont tout aussi insuffisamment dénoncés.

Si le cyclisme et l'athlétisme sont particulièrement ciblés, voire stigmatisés, certaines disciplines semblent encore « épargnées » par la lutte antidopage. Doit-on en déduire qu'elles sont exemptes de comportements illicites ou que leurs dérives sont moins médiatisées ? Pourtant, en France, et dans ce concert mondial aux fausses notes régulières, nous n'avons pas à rougir de notre politique de lutte contre le dopage. Depuis toujours, la France a eu un rôle moteur, volontariste, dont nous pouvons être fiers. Ainsi, le 30 septembre dernier, notre pays a approuvé une ordonnance prise sur le fondement de la loi du 30 décembre 2014, afin d'assurer dans notre droit interne le respect des principes du code mondial antidopage. Cette ordonnance renforce l'efficacité des contrôles antidopage et, par là même, le rôle et les prérogatives disciplinaires de l'AFLD. Plus récemment, le Gouvernement a élaboré un plan national de prévention du dopage et des conduites dopantes pour la période 2015-2017, avec des objectifs précis, destinés à répondre de manière plus ambitieuse aux enjeux de la lutte contre le dopage. Parmi les actions en direction du sport de haut niveau, l'État a l'intention, en 2016, de mettre en place des formations spécifiques pour mobiliser les professionnels qui accompagnent les sportifs aux actions de prévention du dopage, et de publier un guide des bonnes pratiques destiné aux acteurs souhaitant construire des actions de prévention.

L'ordonnance dont nous a parlé M. Genevois se traduit-elle par une amélioration de la lutte antidopage ? Les contrôles de nuit, contraignants, intrusifs, recueillent-ils l'adhésion des sportifs ciblés ? Ces derniers parviennent-ils à les contourner ?

Au sein de la fédération française d'athlétisme, comment se traduit le combat contre le dopage ? Quel en est le plan ?

Docteur Ohrant, ne pensez-vous pas que l'on parle davantage du répressif, de la détection, que de la sensibilisation, de l'information et de la prévention ? J'entendais aussi vous interroger, mais ce point a été évoqué, sur la possibilité de lever le secret médical qui limite probablement la lutte antidopage.

En ce qui concerne l'AFLD, j'aimerais avoir le sentiment de M. Genevois sur le passeport biologique créé en 2007, et présenté à l'époque comme l'arme absolue. C'est un outil de ciblage, de dissuasion, de détection indirecte du dopage, puisque, dans son volet hématologique, il permet de déceler les variations sanguines anormales. On note que le comportement d'un grand nombre de sportifs a changé depuis sa mise en place. Néanmoins, on en voit les limites. Certaines méthodes de contournement sont connues. Quelles améliorations apporter ? Quelles sont les techniques de pointe en cours ?

Un sénateur avait proposé, dans un rapport en 2013, la pénalisation de la détention de produits dopants pour les personnes non ciblées, comme cela existe déjà dans d'autres pays européens. Il avait également suggéré d'encourager l'harmonisation de la lutte contre le trafic de produits dopants. Qu'en pensez-vous ?

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