Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 10 février 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

L'Euro 2016 et les Jeux olympiques de Rio, qui font espérer des moments éblouissants de partage, de joie et de déception, voient planer sur eux l'ombre du dopage et le doute qui l'accompagne. Et ce ne sont pas les fâcheuses affaires qui ont éclaté, au plan international, dans des sports aussi populaires que le cyclisme ou aussi prestigieux que l'athlétisme, qui vont gommer certaines interrogations. De notre échange avec vous, messieurs, nous attendons la dissipation de certains malentendus et l'espoir de temps de fair play et de conduites irréprochables à venir.

On sait les efforts et l'abnégation au quotidien que requiert la pratique d'un sport de haut niveau ou d'un sport professionnel. On sait que la pression s'exerce tant individuellement sur le sportif qui cherche avant tout à exceller dans sa discipline, que collectivement, notamment dans les affaires de dopage à grande échelle, dont l'athlète ne représente qu'un maillon. Et comme cela a été dit, la lutte contre le dopage a un cadre mondial, car elle est universelle.

L'AFLD répond à des contraintes fixées par ordonnance en matière de prévention, de contrôles ciblés et de sanctions, ce qui fait de la France un pays moteur en matière de lutte contre le dopage. L'Agence doit aussi investir dans la recherche scientifique, alors même que les subventions versées par l'État ont baissé depuis plusieurs années. Cette situation, si elle impacte vos marges de manoeuvre, ne semble pas affecter votre détermination, monsieur le président Genevois.

La lutte contre le dopage est complexe et répond à des problématiques transversales. J'aimerais savoir lequel de ces aspects vous paraît primordial : la concurrence inter-entreprises ou inter-clubs professionnels, qui fausse la donne et peut impacter fortement les engagements financiers – la raison économique ? La manipulation du public par l'image renvoyée par un club, un sponsor ou un athlète – la raison éthique ? L'incontournable problème de santé des sportifs – la raison sanitaire et humaine ? Cette dernière me paraît tout à fait importante ; des accidents vasculaires cérébraux dus à la prise d'EPO aux troubles du foie et aux cancers imputables aux agents anabolisants, des séquelles graves touchent tous les sports.

Néanmoins, le dernier rapport de l'AFLD met en exergue quelques disparités et une répartition inégale de résultats d'analyses anormaux selon les sports : 23 % pour le cyclisme, 12 % pour l'athlétisme. Ce sont des chiffres très élevés qui font souvent la une des médias. Vous avez signalé, monsieur Amsalem, ce qui vous paraît une injustice de traitement. Y aurait-il donc inégalité dans l'observation du dopage selon les fédérations, selon les sports ? On sait que le dopage est pratiqué durant les compétitions, les entraînements et les stages, d'où la multiplication des contrôles dit inopinés. Pour autant, je suis d'accord pour dire que les contrôles nocturnes sont discutables.

En tant que lyonnaise, je suis attachée à la bonne image de l'Olympique Lyonnais et de ses joueurs. En déclarant qu'aucun cas avéré de dopage n'avait été déploré, vous avez, docteur Ohrant, répondu par avance à l'une de mes questions. Vous avez également parlé de l'importance de la prévention. Comment ne pas y souscrire ? Plus généralement, pensez-vous que les résultats obtenus dans la lutte contre le dopage sont à la hauteur des dépenses engagées et des efforts consentis par tous les acteurs du monde du sport professionnel ? À la suite des affaires de corruption et de fraude qui ont également touché l'encadrement d'équipes sportives, que proposeriez-vous pour permettre à tous de travailler de concert et avec plus d'efficacité ?

La France s'apprête à accueillir l'Euro 2016, dans le cadre duquel six matches, dont une demi-finale, se dérouleront dans le Parc Olympique Lyonnais. Elle enverra ainsi un signal fort aux jeunes qui désirent devenir des sportifs de haut niveau ainsi qu'à tous ceux pour qui le sport reste un vecteur du vivre-ensemble. Mais la lutte anti-dopage est, elle aussi, un moyen de tendre vers le sport que nous aimons et que nous entendons soutenir.

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