Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 10 février 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Je conteste l'idée que rien n'aurait bougé en matière de lutte contre le dopage. Au cours de la dernière décennie, nous avons su passer d'une période de banalisation du dopage à la prise de conscience, par le mouvement sportif et les autorités publiques, de la nécessité de lutter contre ce fléau. Ce n'est pas rien. Lors du Tour de France de 1998, tout le monde riait lorsque la voiture Festina a été arrêtée ; aujourd'hui, la lutte contre le dopage est une préoccupation permanente, qu'on observe dans tous les sports et qui a pris un caractère universel avec la création de l'Agence mondiale antidopage. On a tout de même marqué des points !

Bien sûr, le combat est permanent, car les causes profondes du dopage demeurent – enjeux financiers, calendriers sportifs, place de l'exploit sportif dans la société, enjeux politiques ou géopolitiques des résultats sportifs. De grands clubs sont achetés par certains fonds d'État, et les grands événements sportifs constituent le moyen d'assurer un gouvernement ou un régime. Malgré tout, un élément nouveau a permis à la lutte contre le dopage de progresser : le partage des missions entre les États et le mouvement sportif national et international. On oublie vite, mais avant la création de structures indépendantes, c'était le politique qui était en première ligne, c'était le ministre qui devait décider des sanctions face à l'opinion publique. La création de ces structures indépendantes est un acquis qu'il faut préserver, et nous devons entendre ce qu'a dit le président de l'AFLD sur ses difficultés financières. Si l'on veut élargir le nombre de contrôles et faire en sorte que l'ensemble des disciplines soit contrôlé de façon réelle, il faut y mettre les moyens, surtout si l'on décide de rattacher les contrôleurs interrégionaux à l'Agence.

Pour l'instant, les sanctions sont prononcées dans le cadre sportif. Faut-il s'inspirer de la méthode américaine, aller jusqu'à une judiciarisation complète de la lutte contre le dopage ? Pour ma part, je suis très réservée, bien que je me demande si ce n'est pas là le moyen d'obtenir des résultats. Selon moi, il faut conserver des liens avec le mouvement sportif, peut-être à travers des tribunaux spécialisés. Le président de l'AFLD a certainement une opinion à ce sujet.

J'ai été surprise d'entendre le président Amsalem déplorer l'absence de pression sur la prévention de la part des fédérations sportives. Peut-être faudrait-il demander au ministère de revoir les moyens alloués dans les conventions d'objectifs signées avec les fédérations. S'agissant du combat que la Fédération française d'athlétisme mène, depuis quelques années déjà, contre le dopage, comment pourrait-il être renforcé ?

Pour finir, je suis très heureuse de la présence ici d'un représentant de l'Association des médecins de clubs de foot. Docteur Ohrant, je souhaiterais vous entendre à propos de la levée du secret médical. Vous nous avez dit agir en toute indépendance ; sans remettre en cause votre comportement, on a tout de même constaté, dans l'histoire récente de la lutte contre le dopage, des problèmes liés à l'encadrement médical. Comment faire pour que les médecins d'équipes ne soient pas soumis à une pression qui les conduit à accompagner ou à fermer les yeux sur certaines pratiques ? Quelles garanties mettre en place pour leur assurer une réelle indépendance et leur permettre d'être partie prenante dans la lutte contre le dopage ?

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