Intervention de Danièle Wozny

Réunion du 18 juillet 2012 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Danièle Wozny, responsable du pôle Patrimoine mondial de la Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats du ministère des affaires étrangères :

Bien sûr, nous favorisons autant que faire se peut les relations entre les collectivités territoriales françaises et les différents pays avec lesquels nous coopérons. Les collectivités territoriales se sont vu transférer un certain nombre de compétences, notamment dans les domaines du patrimoine – les inventaires, par exemple. Elles offrent une garantie de pérennité qu'aucun ministère ne peut donner sur la durée. Voilà pourquoi, à chaque fois que nous le pouvons, nous favorisons le développement des relations à l'international des collectivités territoriales.

L'UNESCO est une grande machine, lourde, avec son vocabulaire et sa « langue de bois » très particulière. Nous travaillons bien sûr avec elle, et nous disposons d'un outil : la Convention France-UNESCO pour le patrimoine, une sorte de fonds en dépôts, abondé par le ministère des affaires étrangères, le ministère de la culture et le ministère de l'écologie. Ce fonds est utilisé sur des actions dont nous décidons conjointement de l'opportunité.

Nous travaillons également avec la Commission nationale française auprès de l'UNESCO, notamment sur le patrimoine scientifique, qui sera probablement d'actualité dans les années à venir : qu'est-ce qu'un patrimoine scientifique ? La maison de tel savant en fait-elle partie ? Convient-il de reconnaître tel observatoire astronomique ? Voilà le type de questions que nous abordons ensemble.

Ensuite, nous avons engagé une réflexion avec les pays d'Afrique, les responsables de patrimoines et les linguistes des langues africaines transfrontalières, sur le vocabulaire des conventions : que recouvre ce vocabulaire ? Que signifie la VUE, ou valeur universelle exceptionnelle qui est « le » critère de classement ? Comment définir le critère d'authenticité, d'intégrité ? Comment les traduire en bambara ? Déjà, on nous demande de construire des musées. Or le mot de « musée » n'existe pas dans la plupart des langues. Mais le problème ne se pose pas qu'en Afrique – on le retrouve en Birmanie, notamment.

La France était représentée au Comité du patrimoine mondial, dont elle était membre – je crois que c'était la dernière année. Nous suivons les débats des conventions. Mme Guyomarch s'est récemment rendue à la réunion des États parties à la Convention de 1970 sur le trafic illicite. Cette réunion fut suivie par une autre réunion à Vienne, celle de l'ONUDC, qui est l'organisation des Nations unies pour le crime et la drogue. Cette dernière voudrait inclure dans son champ d'action la problématique des biens culturels – dans la mesure où les réseaux sont les mêmes.

Notre position est plutôt de dire qu'il ne convient pas de multiplier les enceintes où ces questions sont débattues, car on risque ainsi de les banaliser, et qu'il vaudrait mieux consolider la Convention de 1970 de l'UNESCO. Mais le G77, groupe de 77 pays très volontaristes et très organisés sur les questions de biens culturels et de retour des biens culturels dans leur pays d'origine, est plutôt favorable à ce que l'on traite ces dossiers au sein de l'ONUDC.

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