Intervention de François de Mazières

Réunion du 27 avril 2016 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Mazières :

Au nom du groupe Les Républicains, j'aimerais d'abord saluer le travail accompli par Xavier Darcos, Denis Pietton et vous-même à la tête de l'Institut.

Avec plus de 1 500 implantations aux statuts très divers, le réseau culturel français à l'étranger apparaît très morcelé. L'Institut français est depuis 2011 l'opérateur unique de l'action culturelle extérieure de la France. Mais, à l'étranger, notre réseau public comprend également 161 services de coopération et d'action culturelle (SCAC), placés auprès des ambassades et chargés de la mise en oeuvre et de l'animation de nos actions de coopération, notamment culturelle. À ses côtés subsiste en outre l'Alliance française, de statut privé, créée en 1883 et dont le réseau international permet chaque année à plus de 500 000 élèves d'apprendre notre langue. De fait, si notre réseau culturel est le plus étendu du monde, il demeure bien trop éclaté, ce qui nuit à la visibilité de la France à l'étranger et à l'efficacité de ses actions.

La loi du 27 juillet 2010 relative à l'action extérieure de l'État prévoyait l'expérimentation sur trois ans du rattachement à l'Institut français du réseau culturel de la France à l'étranger. Cette expérimentation s'est achevée le 31 décembre 2013 ; le ministre des affaires étrangères a alors considéré que ses résultats n'étaient pas à la hauteur des effets escomptés. Toutefois, comme l'estimait à l'époque la Cour des comptes, « la fin de l'expérimentation ne devrait pas conduire à un retour au statu quo ante mais permettre de relever plusieurs défis : l'exercice d'une tutelle stratégique sur le réseau, les modalités des prestations des opérateurs, le statut juridique du réseau et l'adaptation de la gestion des ressources humaines aux objectifs poursuivis ».

Lors de son audition devant notre commission, en février dernier, Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur chargé de l'attractivité culturelle de la France, jugeait opportun de rationaliser notre réseau : « à titre personnel », disait-il, « j'estime qu'il serait bon de remettre en chantier la création d'un organisme unique ».

Si vous deviez travailler à ce rapprochement, quelles pistes concrètes exploreriez-vous ?

Vous avez par ailleurs évoqué avec éloquence la baisse de vos moyens financiers. Au vu du rapport d'activité, vos crédits d'intervention sont aujourd'hui un peu inférieurs à 25 millions d'euros : c'est très peu. Vous nous avez du reste indiqué que vous étiez obligé de cibler 40 pays prioritaires, contre 78 récemment encore.

Au total, on a le sentiment que, au-delà du discours, la défense de la culture française à l'étranger perd du terrain et que des opérations telles que la Nuit des idées sont un peu des « coups de com' » qui cachent cette réalité. La participation de la France, comme invitée d'honneur, à la Foire de Francfort, est d'une autre portée, comme vous l'avez fort bien expliqué. Mais l'État a-t-il dégagé les moyens nécessaires à cet événement ? Quelle somme est-il prévu de lui allouer ? Je sais, en effet, que les Allemands sont gourmands en ce domaine.

J'aimerais ensuite soulever la question fondamentale de la francophonie. La situation est inquiétante. En 2014, l'Observatoire de la langue française recensait 274 millions de francophones dans le monde, ce qui fait du français la cinquième langue la plus parlée et la deuxième la plus apprise au monde. Selon le rapport de Jacques Attali, « La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable », le nombre de locuteurs francophones pourrait atteindre 770 millions d'ici à 2050 si un effort massif était consenti par les pouvoirs publics. En effet, le développement de la francophonie repose notamment sur l'augmentation de l'offre d'enseignement du français dans le monde, sur l'extension de l'aire culturelle francophone et sur l'attractivité accrue de notre pays aux yeux des populations étrangères – autant de missions qui incombent à l'Institut français. Au vu des moyens dont vous disposez, le scénario optimiste esquissé par Jacques Attali vous semble-t-il réalisable ?

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