Intervention de Michel Françaix

Réunion du 1er juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Je pense à une formule de Tocqueville selon laquelle, « ce qu'il y a souvent de plus difficile à apprécier et à comprendre, c'est ce qui se passe sous nos yeux ».

Il s'est passé quelque chose en 1984. Ce fut la première révolution de la télévision. J'étais, à l'époque, un petit chargé de mission à l'Elysée où je travaillais pour André Rousselet. Tout le monde considérait que ce qui était fait était scandaleux. La priorité était alors d'empêcher que le service public soit le seul acteur de la télévision française – il exerçait jusque-là un véritable monopole. Aujourd'hui, nous en sommes au point où certains voudraient que le service public disparaisse complètement et qu'il n'y ait plus que des chaînes privées. Je fais partie de ceux qui pensent que l'équilibre est une bonne solution.

Vous nous dites à juste titre que cette époque est révolue. Nous sommes en effet passés de la pénurie à l'abondance de chaînes – on en compte vingt-six là où il n'y en avait que six. Vous vous demandez par exemple comment réussir à faire vivre toutes les chaînes d'information en continu du PAF de demain. Sur tous ces points, vous avez sans doute raison : un modèle est mort, et le suivant n'est pas encore né. Cela s'appelle une crise.

Vous cherchez à la résoudre en affirmant deux choses. Le national, c'était bien, dites-vous, nous essaierons de nous en occuper encore un peu, mais la seule chose qui nous intéresse, c'est l'international. Peut-être d'ailleurs avez-vous raison ! Vous ajoutez : la singularité de Canal+, c'était bien, mais cela n'a plus aucun intérêt. Maintenant, il faut façonner l'audiovisuel moderne, et intégrer Canal+ à Vivendi. Lorsque nous vous demandons comment seront conservés l'esprit et l'image de Canal+, vous nous répondez : ils seront peut-être conservés, mais ce n'est plus d'actualité ; il n'y a plus de Canal+, il y a un groupe Vivendi qui doit être relativement rentable.

Je fais partie de ceux qui pensent que l'on pourrait peut-être faire la synthèse entre, d'une part, le groupe puissant et le développement à l'international – nous sommes heureux de cette réussite unique –, et, d'autre part, quelque chose d'humain et de proche – si nous pouvions sentir cela, je ne serais pas mécontent.

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