Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 22 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Il me semble en effet que ce sujet transcende les sensibilités politiques ; je souhaite, par ailleurs, remercier le Haut Conseil pour le travail effectué, féliciter Danielle Bousquet pour son impulsion et remercier Catherine Coutelle pour l'inscription dans la loi de cette institution.

L'éducation à la sexualité est fondée sur l'égalité des sexes sans jugement de valeur ; au coeur de la mobilisation que vous avez évoquée, monsieur le président, se trouve le combat contre la domination patriarcale, et la sexualité est prise dans ces dominations. La vision de la société sur la virilité impose une image des garçons ainsi que des filles, qui doivent être à la fois désirables et respectables ; c'est la source de beaucoup de souffrance chez les jeunes, particulièrement chez les adolescents.

Comme beaucoup d'entre nous, j'ai rencontré l'Amicale du nid, et ces jeunes adolescents en souffrance par rapport à leur homosexualité. Vous avez évoqué une stagnation ; je parlerai plutôt de régression dans les comportements et l'habillement des filles au collège ou au début du lycée. Les rapports de violence se multiplient au sein des réseaux sociaux, mais aussi dans les cours d'école ainsi qu'à la sortie des établissements scolaires.

Cette sexualité au coeur des dominations a justifié pendant des décennies le système prostitutionnel, les violences faites aux femmes, les viols, etc.

Avant la lecture de votre rapport, je n'attendais pas une situation aussi catastrophique : 25 % des élèves interrogés déclarent n'avoir participé qu'à une seule séance d'éducation à la sexualité, alors que la loi du 4 juillet 2001 l'a rendue obligatoire. Vous avez raison de considérer que la bonne volonté ne suffit pas ; dès lors qu'il s'agit d'une obligation légale, ceux qui sont concernés ont besoin de formation, de disponibilité et de moyens. Formation, car il est difficile de donner une éducation à la sexualité à des enfants qui sont tous différents. Il faut encore des moyens en personnels, je pense particulièrement aux infirmières et aux médecins scolaires, problème récurrent au sein de l'Éducation nationale.

Par-delà ces moyens, une volonté collective est nécessaire pour que l'éducation à la sexualité fasse évoluer les mentalités rétrogrades qui font pression, ce que chacun a pu constater au sujet des « ABCD de l'égalité », qui ont été évacués d'un certain nombre d'écoles. Les recteurs et rectrices, les chefs d'établissement, les ministres, la communauté éducative portent une responsabilité dans ce domaine.

L'éducation à la sexualité ne saurait constituer une matière choisie par les familles, car, si on se laisse aller à considérer qu'un enseignement relève des choix, opinions ou religion de telle ou telle famille, alors on ne peut plus parler d'école publique devant dispenser un enseignement identique et de la même qualité à tous les enfants. À cette fin, la parole collective et politique doit être beaucoup plus forte et, certes, des délégués doivent être présents au sein des académies, mais un pilotage national est nécessaire afin que les intéressés soient soutenus par la communauté éducative ainsi que par les plus hauts responsables politiques.

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