Intervention de Annie Genevard

Réunion du 22 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

Madame Bousquet, vous avez choisi de traiter de l'éducation à travers le prisme de l'égalité entre les femmes et les hommes. Cette approche est juste, tant il est vrai que trois grands problèmes sont survenus au cours des dernières années.

Le premier est celui du contrôle des jeunes filles et de leur réputation, sous la pression de la famille et du groupe social, dont certains sont très hostiles à l'éducation sexuelle. En d'autres termes, l'éducation sexuelle renforce les préjugés de certains à l'encontre de ce qui fonde notre vie sociale. Comment faire pour que cette formation ne renforce pas, précisément, l'hostilité de certains groupes souhaitant préserver les jeunes filles de ce qu'ils considèrent comme une influence pernicieuse ? Nous savons qu'aujourd'hui, dans certains territoires, des jeunes filles sont soumises à des pressions insupportables, ce qui constitue une entrave à leur liberté et nous préoccupe beaucoup.

Le deuxième problème est constitué par la représentation indigente que certains jeunes se font des relations sexuelles et affectives, cette représentation étant largement nourrie par la pornographie. Les statistiques sont effarantes : aujourd'hui, à l'âge de dix ans, un enfant sur deux a déjà visionné un film pornographique. C'est pour cela que l'adaptation de l'éducation sexuelle à l'âge des jeunes considérés constitue une question complexe : si elle advient trop tôt, il y a un risque de décalage, et si elle advient trop tard, les jeunes ont déjà rencontré la pornographie qui va dégrader la représentation qu'ils peuvent avoir de la sexualité.

Le troisième problème concerne l'usage dévoyé et mal intentionné des réseaux sociaux, ce qui, nous le savons, pousse des jeunes au suicide. Cette situation est dramatique. L'éducation sexuelle ne doit-elle pas d'abord se consacrer à ces dérives d'autant plus dangereuses qu'elles sont massives ? Il me semble d'ailleurs que ce sujet excède la seule question de l'éducation sexuelle.

Les documents produits par le Haut Conseil considèrent qu'il est souhaitable de changer de paradigme et d'évoquer une sexualité synonyme de plaisir et d'épanouissement personnel. Au fond, il n'est que très peu question de l'autre ainsi que de la vie affective, comme si la sexualité était forcément indépendante de la sphère du sentiment et de la relation affective. Je souhaiterais connaître votre sentiment au sujet de cette approche, car, lorsque, en tant que parents, nous dialoguons avec nos enfants, nous leur disons que la sexualité est directement liée à la sphère de l'affection et du sentiment. De votre point de vue, cette question est-elle délibérément évacuée ? Et n'y a-t-il pas là, comme l'a dit notre collègue Hervé Féron, un risque de déshumanisation ?

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