Mesdames, Messieurs, Le suffrage universel est un fondement essentiel de notre démocratie.
Il permet au peuple d'exercer sa souveraineté et légitime l'action de ses représentants élus.
Or, ces dernières décennies, les scrutins, toutes élections confondues, ont été caractérisés par des progrès de l'abstention, devenue « structurelle », c'est-à-dire-massive et chronique.
Nature de l'élection Taux d'abstention Écart Municipales 1983 : 21, 6 % 2014 : 38, 7 % + 17, 1 Départementales 1982 : 31, 6 % 2015 : 49, 8 % + 18, 2 Régionales 1986 : 22, 1 % 2015 : 50, 1 % + 28 Législatives 1981 : 29, 7 % 2012 : 42, 8 % + 13, 1 Présidentielles 1981 : 18, 9 % 2012 : 20, 5 % + 1, 6 Européennes 1984 : 43, 3 % 2014 : 56, 5 % + 13, 2 Plusieurs études ont démontré que l'abstention peut avoir des origines diverses.
L'abstention dite « volontaire », par exemple, est constituée d'une petite minorité de la population qui se désintéresse sciemment du débat politique, mais surtout...
1 commentaire :
Le 06/06/2016 à 15:09, laïc a dit :
"En vérité, globalement, l’abstention est devenue, par défaut et en suscitant de nombreuses frustrations, un moyen de manifester son mécontentement à l’égard des partis et responsables politiques, aussi bien que des institutions et de l’État."
Je ne vois pas en quoi obliger le citoyen à transformer son abstention en vote blanc changera quelque chose à son mécontentement. Cela devrait même l'aggraver : non seulement les mécontents ne trouveront pas de solution à leur mécontentement en étant obligés de voter blanc, mais en plus ils devront se rendre aux urnes et faire la queue un bon bout de temps puisqu'il y aura une affluence évidente (tout en se demandant : à quoi bon attendre puisque je vote blanc ?). Et en fin de compte, s'ils renoncent et ne votent pas, ils se prendront une amende, de quoi faire exploser leur mécontentement...
Le but du politique est-il de trouver une solution au mécontentement des citoyens, ou de leur imposer une sorte de rapport de force politique, en les menaçant d'amendes s'ils ne vont pas faire leur courbette électorale au système politique corrompu en les obligeant à mettre un bout de papier inutile dans l'urne ? Le Français est-il un citoyen démocrate libre de son choix et de sa pensée ou bien un ennemi potentiel du système oligarchique, suspect de dissidence à chaque abstention, et qui devra prouver son allégeance au régime en faisant semblant d'aller voter ?
Donc cette proposition de loi est vraiment calamiteuse. Elle ne résoudra rien et aggravera la situation.
Après tout, les gens votent seulement si le vote en vaut la peine. S'ils ne votent pas ou plus, c'est que le système n'est en fait pas démocratique, il ne suscite pas l'intérêt et pousse même au dégoût, celui de voir toujours les mêmes états majors politiques des partis magouiller pour imposer tel ou tel candidat aux Français qui n'en veulent pas mais qui sont quand même obligés de voter pour ces candidats s'ils veulent entretenir le système et ne pas faire le jeu des extrêmes.
Par ailleurs, quand on parle de vote, on parle toujours de vote pour des personnes, jamais pour des idées. Il n'y a jamais de référendums communaux ou régionaux, et pourtant c'est là que serait le nerf de la démocratie : demander leur avis aux gens sur des sujets qui les touchent de près et dont ils peuvent entrevoir les conséquences dans leur vie quotidienne. Mais de ça il n'est jamais question : le politique élu est trop content d'accaparer le pouvoir pour lui tout seul, de faire taire définitivement le citoyen qui aura voté pour lui, de gré ou de force (comme le voudrait cette proposition de loi), de ne jamais lui demander son avis, et d'en faire à sa guise jusqu'à la prochaine élection, manipulée encore une fois par le système politique.
En fait, ce qu'il faudrait rendre obligatoire, c'est la tenue de référendums communaux, départementaux et régionaux à chaque problème posé à la commune, au département et à la région. Et là chacun serait libre de donner ou non son avis, sans que l'avis du politique "élu" soit déterminant et fasse taire l'avis démocratique du peuple muselé. Et là, le politique élu ne serait plus qu'un rouage parmi d'autres du vaste organisme démocratique dominé par les citoyens et non plus par la caste politicienne qui veut imposer sa présence et prééminence au moyen d'élections rendues obligatoires, et donc forcées.
Quand même, oser émettre l'idée d'obliger les citoyens à voter pour des gens qui n'auront de cesse ensuite de les faire taire, quelle triste mascarade.
Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui